Général Sissi à 93%, les arabes à 0% …

Le général Sissi gagnerait les « élections » à plus de 93%.

Alors même que les élections sont manifestement truquées, aucun observateur extérieur n’a risqué d’engager sa responsabilité, on annonce que 37% de votants soit près de 20% de moins que le président légitime Morsi, destitué suite à un putsch de la junte militaire. Les 93% de sissistes comme les 37% de votants annoncés semblent donc être, malgré leurs insuffisances criantes, des chiffres gonflés supposés donner une légitimité au coup de force de l’armée égyptienne contre un président élu massivement par son peuple.

Alors que Sissi demandait un concours massif de la population, celle-ci lui a opposé une résistance silencieuse par le boycott de l’élection présidentielle. L’organisation des Frères Musulmans a déjà fait savoir que ce boycott constituait pour lui  » une gifle au régime Sissi ! « . Difficile de voir les choses autrement quand on sait que face à lui, le despote Sissi n’avait ni challenger sérieux, ni opposition …

Pendant ce temps la répression sauvage dans le sang contre l’opposition continue. Elle a déjà fait des milliers de morts et des dizaines de milliers de prisonniers. Ainsi c’est toute une population qui est depuis des mois prise en otage pour avoir exprimé sa volonté de voir son pays renouer avec ses fondamentaux islamiques bafoués depuis la colonisation.

Évidemment l’Occident a ici fait fi de ses considérations habituelles sur  » la démocratie et les droits de l’homme  » en appuyant les putschistes et en ne disant mot sur la répression féroce de l’armée. Mais la lâcheté n’a pas de frontières et le parti Hizb en Nour, réputé « salafiste », n’a pas hésité à faire campagne pour un président menant une politique de laïcisation de la législation en vigueur en la vidant de ses dernières références religieuses. D’autres religieux moins politisés, mais pas moins lâches, ont préféré déclarer licite le sang des frères musulmans …

Évidemment tout ce chamboulement de la vie politique égyptienne n’eut pu être possible sans le soutien dans un premier temps du Qatar aux Frères Musulmans et dans un deuxième de l’israel et de l’Arabie Saoudite au clan des éradicateurs de Sissi, les américains ayant misé sur le deux camps en présence. Le choix du soutien à des  » islamistes démocrates modérés  » pour barrer la route à l’émergence  » d’islamistes anti-occidentalistes «  semblent donc être remis à plus tard par l’intelligentsia américaine soumise aux fortes pressions de Tel-Aviv et de Riyadh. Cette guerre diplomatique se continue d’ailleurs bien en dehors des frontières égyptiennes et syriennes avec une tentative manifeste des pays de golf de mettre au pas un Qatar un peu trop innovant dans son soutien à la politique américaine.

Ce nouveau scénario à l’algérienne promet donc de longues années de pouvoir à l’armée égyptienne et une éradication des Frères Musulmans d’Égypte profonde et durable. Mais comme dans tout scénario rien n’empêche les retournement de situation et les changements de stratégie (du chaos) … Un emballement à la syrienne n’est donc pas à exclure complètement pour mieux proposer ensuite un morcellement ethno-confessionnel du pays.

La nouvelle carte du Moyen-Orient se dessine ainsi sous nos yeux et les pays arabes y participent manifestement, contre eux, et systématiquement en rêvant être le dernier mouton épargné … La confiance au loup américain semble décidément sans faille chez certains.

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