Témoignage d’Inès, refusée arbitrairement par le médecin traitant remplaçant

Je suis une jeune femme française, d’origine maghrébine, et de confession musulmane. Je me suis rendue il y a de ça plusieurs mois chez mon médecin traitant car j’avais effectué une prise de sang qui montrait que je souffrais d’une carence en fer.

Je tombe sur le remplaçant de mon médecin traitant, je lui explique que je viens pour le résultat de mon analyse sanguine et que je me sens fatiguée, donc qu’il faudrait que je recommence une cure de fer (comme je le fais habituellement depuis mes 13 ans).

Le médecin remplaçant a demandé à m’ausculter, je passe donc dans la pièce à côté, il s’approche très près de moi, me touche avec insistance dans le cou, et me demande d’ôter mon débardeur afin de pouvoir m’ausculter correctement. Je me recule, lui demande de se reculer car il était vraiment très près de moi, et refuse de retirer mon débardeur car il ne gênait en rien l’auscultation puisqu’il était très fin.

Ce dernier se vexe, et me dit de revenir devant son bureau. Il me dit que je dois faire un point psychologique car je semblais être « dépressive » et que selon lui, le fait que je méfie autant d’un homme montre qu’il y a un problème avec les femmes d’origine maghrébine, et que je devais sûrement être mal car mes parents devaient « m’interdire beaucoup de choses car les familles maghrébines sont comme ça » selon ses dires.

Je décide d’arrêter son discours et ses préjugés, que je m’entendais très bien avec mes parents, que le problème n’est vraiment pas cela du tout, qu’il ne me connaissait pas et que le problème lié à la fatigue était simplement dû à ma carence en fer. Ce dernier insiste, me dit qu’il connaît comment sont les « familles maghrébines », qu’ils interdisaient tout à leurs enfants, que je ne devais sûrement pas parler avec mes parents car « chez vous c’est comme ça » (selon ses mots) et que j’étais donc dépressive et mal dans ma peau et donc fatiguée à cause tout cela.

Donc je décide de prendre mes affaires et de m’en aller en lui disant qu’il n’était pas bon médecin, qu’au lieu de se baser sur un examen médical, il préférait se baser sur des préjugés et des jugements de valeur.

Non seulement ce dernier était à un moment très proche de moi et m’a fait des remarques déplacées telles que « Vous avez un petit copain? Non? Ah c’est dommage pour une fille aussi jolie et bien taillée que vous de ne pas connaître les plaisirs au lit », mais il n’a pas fait son travail de médecin et a insinué beaucoup de choses fausses. J’ai parlé de l’incident à mon médecin traitant lorsqu’il était de retour, et m’a demandé de ne pas faire d’histoires et que l’incident n’allait plus se reproduire car il allait en parler avec son remplaçant.

                 Etant malade depuis un long mois, j’ai décidé de reprendre rendez-vous avec mon médecin traitant car j’étais allée le voir le 16.08.2018 et si jamais rien ne changeait avec le traitement à suivre, je devais le rappeler afin qu’il me prescrive une analyse de sang pour savoir ce que j’avais exactement.

Hier je rappelle donc mon cabinet et demande à la secrétaire de me transférer vers mon médecin traitant, je tombe à ma grande surprise sur son remplaçant et lui explique le problème, qu’il me fallait seulement une ordonnance afin de faire une prise de sang.

Ce dernier me demande la chose suivante : « Vous êtes allée au bled récemment? » je lui demande : « pourquoi est-ce que vous me parlez directement du bled monsieur? » et il me dit « eh bien car vous êtes maghrébine et tous les maghrébins vont au bled l’été. ».

Donc, en ayant ras-le-bol de ses remarques systématiques envers les maghrébins et surtout de ses préjugés, je lui demande « pourquoi est-ce que vous me parlez de bled et non pas d’un pays étranger comme le ferait un médecin neutre? » et il m’a rétorqué « car c’est presque qu’au pays que l’on choppe des merdes » (des virus). Donc selon lui, il n’y a qu’au « bled » que l’on ramène la « merde » ici, en France.

J’ai été très choquée par sa façon de me parler, et je lui ai donc dit que j’étais avant tout une patiente, et qu’aucun médecin ne devait avoir de tels préjugés et des jugements de valeur. Ce dernier s’est encore une fois vexé et a tout simplement refusé de me prendre en charge, sans me donné de raison valable, alors que la situation est urgente car je peux à peine marcher.

Je suis allée le voir à son cabinet accompagnée de ma mère, et ce dernier m’a dit qu’il ne vouait pas entendre parler de moi et qu’il refusait de me prendre en charge, il n’a pas donné de raison. Je n’ai pas crié, je ne lui ai pas manqué de respect, je ne l’ai encore moins insulté, et j’ai gardé mon calme.

Je lui ai tout simplement expliqué qu’un médecin devait faire son travail sans avoir de jugements de valeur, rien d’autre. Que je sois française ou non, j’étais avant tout une patiente, et il ne devait que prendre mes symptômes en compte, et ne pas avoir de préjugés comme cela.

J’ai décidé de me tourner vers la gendarmerie, mais ces derniers m’ont expliqué que selon eux il n’y avait rien de mal, et qu’il était simplement maladroit. Ils m’ont conseillé de me tourner vers l’Ordre des médecins, et ont tenté de me dissuader d’engager des poursuites envers ce médecin. 

              C’est donc ça la France? Un pays où les médecins qui ont des préjugés et des propos à la limite racistes restent impunis? Un pays où la justice ferme les yeux face à cet incident?  Je refuse de croire que la France est comme cela. Je crois en la justice, et je crois en la diversité. Je suis française, et je veux être traité comme telle.

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