Centrafrique : Le génocide inquiète l’ONU

Il y’a quelques jours déjà, nous évoquions dans les colonnes de notre rédaction une commission sur les exactions qui ont eu lieu en Centrafrique. C’est ainsi que cette commission des Nations Unies va commencer à enquêter aujourd’hui sur les violations des droits de l’homme dans ce pays livré depuis près d’un an au chaos.

La commission, mandatée par le Conseil de sécurité de l’ONU et dirigée par le Camerounais Bernard Acho Muna, veut « mettre un terme à l’impunité » qui règne dans le pays.

La Centrafrique est « un pays qui est en train de se vider de sa population musulmane », passée de 15% environ à 2% de la population totale, s’est alarmé lundi le conseiller spécial du secrétaire général de l’ONU pour la prévention des génocides, le Sénégalais Adama Dieng.

Pour Bernard Acho Muna, juge à la Cour Suprême du Cameroun et ancien procureur en chef adjoint du Tribunal pénal international pour le Rwanda, « un génocide commence toujours avec de la propagande incitant à la haine ».

En effet, les civils musulmans sont lynchés, massacrés, démembrés puis brulés et même parfois « cannibalisés » sans cesse depuis des mois.

L’émergence pendant l’été des milices chrétiennes a donné à ces crimes une nouvelle ampleur. Rien ni personne n’est épargné, tous ce qui ressemble à musulman de loin ou de prêt est traqué jusqu’ à la mort.

Amnesty international déclare  » Depuis décembre et les tueries de masse dans la capitale, les milices à dominante chrétienne avec dans leur sillage des bandes de pillards s’en prennent systématiquement aux civils musulmans, contraints à l’exode, sur fond de « nettoyage ethnique ».

Le 7 février, le procureur de la CPI a annoncé l’ouverture d’un « examen préliminaire », préalable à une enquête, sur des crimes « graves » commis en République centrafricaine.

Bernard Acho Muna a relevé que la situation en République centrafricaine « est unique, elle est caractérisée par l’effondrement de l’ordre public, le vide du pouvoir, l’absence d’autorités de police et judiciaires ».

La commission d’enquête est composée de trois personnes et ces enquêteurs doivent rester au total deux semaines en Centrafrique, dont trois jours à Bangui. Cette commission se rendra dans le pays « partout où c’est nécessaire pour établir les faits », a dit son président.

Elle doit rencontrer les autorités gouvernementales, les autorités locales, les chefs de villages, les représentants d’ONG, les commandants des troupes françaises et de la Mission de l’ONU et de l’Union africaine, et se rendre dans les camps de déplacés et de réfugiés.

Elle remettra un premier rapport au Conseil de sécurité de l’ONU en juin prochain.

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