Centrafrique : Le nombre de traumatisés de cette guerre augmente

Nous évoquons régulièrement dans les colonnes de notre rédaction les massacres qui sont exercés sur les civils musulmans en Centrafrique. Nous parlons des musulmans lynchés, démembrés et brulés par des milices chrétiennes sanguinaires.

Cependant, nous évoquons rarement les survivants de ce conflit, les traumatisés de cette guerre. C’est ainsi que les cas de traumatismes sont en hausse ces dernières années en Centrafrique.

On en trouve par centaines à la psychiatrie de Bangui. « Ce sont des traumatismes. C’est un état dépressif réactionnel, lié aux faits vécus, tels que des assassinats, viols, braquages et plusieurs autres cas », a mentionné Samuel Konamna, Assistant social principal du service de psychiatrie de l’hôpital général de Bangui.

Pour ce spécialiste, « ces cas, on les retrouve régulièrement et on les hospitalise en même temps. En 2013, on en avait enregistré un millier, et déjà début 2014, on a une centaine de patients, qui continuent d’être traités. Certains ont été guéris ».

Dans les quartiers, plusieurs personnes souffrent aussi de ces problèmes, mais hésitent toujours à se rendre dans les hôpitaux, afin de se faire soigner.

Une journaliste, dans un organe de presse de Bangui a également été victime. Elle affirme ne plus pouvoir manger de viande depuis janvier, à cause d’un acte de cannibalisme dont elle a été témoin. Elle témoigne :

« C’était à Pétévo. Je rentrais du travail. En cours de route, on m’a signalé le cas d’un musulman qui a été tué. Je me disais qu’il faudrait faire un tour afin de me renseigner sur la situation, dans le but de faire un papier dessus le lendemain. Je suis arrivée sur place juste au moment où un jeune était en train de manger de la chair humaine, encore saignante de la personne tuée, sous les houhou de la foule. J’ai vomi et depuis ce jour, dès que je vois une viande, je repense à cet affreux spectacle et je vomis ».

Selon le service de la psychiatrie, la majorité de ces cas est liée aux derniers événements dans le pays.

Hélas, il se pose un sérieux problème de prise en charge en Centrafrique. Les structures et le matériel ne sont pas à la hauteur de la souffrance de ces centrafricains.

En effet, le service de la psychiatrie de l’hôpital général de Bangui ne bénéficie pour le moment d’aucune aide de la part des structures humanitaires. « Depuis lundi dernier, nous avons connu une rupture totale de médicaments et nous craignons des répercussions dans les semaines à venir, vu que nous continuons d’enregistrer des malades. Mêmes les organisations humanitaires ne nous viennent pas en aide », a déploré l’Assistant social principal du service de psychiatrie de l’hôpital général.

Outre l’absence des médicaments, il se pose aussi un problème d’infrastructures.

« Notre capacité est très limitée. Chez les femmes, nous n’avons que huit lits et chez les hommes, nous en avons douze, ce qui est insignifiant, vu le nombre des malades ».

La situation ne risque pas de s’améliorer, d’autant plus que les exactions continuent sur le terrain. Rencontré sur place, un expatrié travaillant pour l’ONG Médecins Sans Frontières, a signifié « nous ne pouvons pas tout faire à la place du gouvernement. Nous nous contentons des cas d’urgence et des cas psychiques qui méritent d’être traités à long terme. Nous sommes dans l’urgence, vu que les exactions se poursuivent ».

 

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