Yémen – Une sœur de France témoigne sur les événements de Dammaj

L’excellent site Tout pour le Musulman relaie le témoignage d’une sœur de France partie à Dammaj au Yémen. Au moment où les houthis ont lancé leur attaque sur Dammaj, lors du fajr, c’est une pluie d’obus qui s’est abattue sur ce petit village ainsi qu’un missile lancé sur la montagne d’Al Barraqah. Vignes, oued et maisons ont été touchés. Cette attaque était accompagnée d’une armée de houthis munis de mitrailleuses gros calibre. Jusqu’alors, les dammajis vivaient paisiblement, la montagne d’As samma’at et les houthis au dessus d’eux. Une soeur témoigne de l’horreur de l’attaque. Elle était seule chez elle avec ses quatre enfants, son mari était parti aux massadir pour sa garde.

Elle écrit à une autre soeur:

Oukhti fillah ça me fait très plaisir de te lire, je ne me connecte presque jamais car je suis dans un sous terrain tout en bas du masjid et on est très nombreux… Depuis que ça a commencé chez moi subhan allah on a eu la plus grosse peur de notre vie. Ils avaient attaqué dans mon quartier et mon mari venait de nous quitter pour sa garde. Mes enfants et moi fuyons dans la maison de pièce en pièce en fuyant les balles. Un gros truc est rentré dans la cour qui donne sur la cuisine et j’ai vu le feu derrière moi en courant des mortiers qui tombaient autour de ma maison comme la pluie subhan allah.

La peur nous a vaincus et on n’arrivait plus à implorer Allah. Mes enfants étaient bleus, traumatisés. Et un frère est venu nous prendre de la maison avec pleins de frères qui nous couvraient dehors. On a quitté la maison pieds nus, mes filles sans hijab, moi avec mon jilbab du dessus, même pas eu le temps de mettre une abaya.

On s’était refugiés chez des voisins damaji qui avaient une maison assez solide avec toutes les sœurs du quartier. Ceci avait commencé juste après la prière de fajr. Ensuite le lendemain on nous dit qu’ils (les houtis) se sont rapprochés et donc on a fui jusqu’au masjid sous les tirs du snipper. Les femmes pleurant durant tout le trajet subhan allah et allah nous a préservés.

Depuis je n’ai ni l’envie, ni le droit de retourner chez moi car les étudiants moujahidines ont pris ma maison comme lieu stratégique pour se protéger des houtis car ces derniers sont dans les champs devant chez moi. Donc si j’ai besoin de trucs mon mari part me les chercher vu qu’il garde les alentours. Les sœurs se portent bien bi hamdilah dans le sous sol, à part une bonne amie qu’Allah a pris comme martyr. Subhan allah la dernière fois, elle était avec nous au sous sol et on avait même dormi sur le même matelas tellement il n’y avait plus de place. Après, elle a décidé de partir dans une maison car elle était enceinte et elle n’arrivait pas à manger ce qu’on mange là basmiskina qu’allah l’accepte dans son firdaws.

Nous attendons avec impatience le secours d’Allah car Allah n’abandonne pas ses serviteurs sincères, et qu’Allah préserve Dammaj et son cheikh ainsi que ses étudiants muwahidines et courageux qui luttent sans cesse dans le sentier d’Allah.

De temps en temps, je viens chez une sœur qui m’a prêté ses clefs. Mon mari dort chez elle et moi je viens laver les enfants ou préparer à manger aux frères. Donc insha allah, j’essaierai de te tenir au courant des nouvelles. Bises à toi ukhti je dois y aller, avant que ça commence à tirer beaucoup! »

La soeur écrit ensuite :

« Je ne me rappelle pas exactement de la date mais c’était un mercredi (vers le 25 de dhul hijja) après la prière de fajr. J’étais sur le tapis de prière à faire mes adhkar, que le bruit du premier missile m’a fait sursauter. Et mes enfants viennent vers moi en fuyant la pièce dans laquelle ils étaient. Je les prends dans mes bras pour les rassurer, » khair insha allah venez vous asseoir à côté de moi on fait duas ». A peine assis, le deuxième coup je le sens très proche de ma maison. Ensuite je me décide à partir dans la pièce du milieu qui d’après ce que je me suis dit est celle qui a le toit le plus solide. A peine on sort de ma chambre, le troisième coup tombe dans ma cour et je vois la lumière derrière mon dos et on a tous crié en fuyant les éclats. Je vois mes enfants traumatisés devant mes yeux pleurant et mon fils dire » allah va nous ehfadh!(protéger) Allah va nous ehfadh! » On s’est tous assis par terre tremblant de peur. Ma grande fille dit en pleurant  » oumi je ne veux pas mourir ». Je continuais à les rassurer en disant  » ne vous inquiétez pas Allah n’est pas avec les injustes, Il nous protègera, faisons des duas le plus qu’on peut ».

Mais les gros coup n’arrêtaient pas, de plus en plus proches. Nos cœurs étaient fatigués, on avait tellement peur. On ne savait pas si on tremblait de froid ou si c’était la peur. On se met sous les couettes en croyant que celles-ci nous préserveraient des éclats si jamais l’obus tombait dans la pièce. Une idée surement bête mais quand on est traumatisé on perd presque la raison.

Mes enfants n’en pouvaient plus, ils voulaient vomir et avaient très mal au ventre.  Je leur ai dit de dormir sur moi car j’avais le bébé endormi de peur il ne voulait pas me quitter, et mes trois enfants se battaient pour être le plus proche de moi mais je ne pouvais pas car j’avais le tout petit endormi sur mes cuisses.

J’avais très mal au ventre. Je n’arrivais plus à faire duas, je me suis levée et j’ai regardé par la fenêtre. Je voyais plein de fumée dehors, personne devant moi sauf un frère sunni au loin accroupi et tirait à la  »kalache ». J’entends un gros coup sur le toit et des bruits de terre tomber. Je me suis avancée vers le couloir et j’entends un bruit bizarre comme du « pchit » d’un spray du côté de la cuisine. J’y vais et je vois le tuyau de la bouteille de gaz enlevé (sans doute avec l’impact et le gaz en fuite, alhamdulilah j’ai eu le réflexe de fermer la bouteille. Je me dirige en courant chez les enfants qui m’appelaient.(Note: c’était un coup d’arme antiaérienne qui a tapé le mur au dessus de la cuisine et dont les éclats ont pénétré la fenêtre, coupant le tuyau du gaz.)

Un ami de mon mari toque fort à la porte et appelle mon fils. Il demande où est mon mari. On lui dit qu’il était parti. Il nous ordonne de sortir car notre maison se trouve dans un coin très dangereux et les bombes tombent dans cette direction. Et donc on est sortis avec lui en vitesse, en pleurant et en faisant des duas. Et subhan Allah ce que je vis aujourd’hui je l’avais vu en rêve 3 jours avant le jour de la grande attaque, c’est-à-dire le fait que ma maison serait touchée, que je la quitte, que des houtis rentrent dans mon quartier, que je suis avec les soeurs dans une sorte de hangar avec des sacs et des valises. Subhan Allah! La première fois de ma vie que je vois un rêve qui se réalise فَاللَّهُ خَيْرٌ حَافِظًا وَهُوَ أَرْحَمُ الرَّاحِمِينَ(Allah est le meilleur protecteur et le plus miséricordieux)…

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