Libération des otages au Niger – Retour sur les propos de Marine Le Pen

La chronique juridique I&I s’intéresse aujourd’hui à un fait politique reflétant l’extrême islamophobie ambiante.

Souvenez-vous, il y a quelques jours nous assistions au retour des « otages » français après 3 ans de captivité au Niger.

Leur attitude n’a pas manqué d’être remarquée. Humbles, arborant un keffieh, une barbe et des habits très sobres, c’est Marine le Pen qui a pris les devants et a dit tout haut ce que les autres pensent tout bas.

On avait l’impression d’avoir des images d’hommes qui étaient très… réservés. C’est le moins que l’on puisse dire.

Les deux qui portaient la barbe taillée d’une manière assez étonnante, l’habillement était étrange. Cet otage avec le chèche sur le visage…

Tout ça mérite quelques explications de leur part.

La psychose musulmane est encore une fois projetée à la figure des citoyens. Au lieu de se réjouir de leur venue on se bloque sur leur apparence en supposant une possible islamisation venue d’ailleurs. Voilà que certains médias crient même au syndrome de Stockholm (désigne un phénomène psychologique où des otages partageant longtemps la vie de leurs geôliers développent une empathie, voire une sympathie, ou une contagion émotionnelle avec ces derniers).

Peu importe, si ces otages ont décidé ou non d’embrasser l’islam, cela ne regarde personne. Le principe du fait religieux qui se doit d’être privé est violé puisque l’on fait d’une supposée conviction basée sur le physique et le comportement, une affaire publique.

Véritable non sens de la sphère politique, si l’on se penche sur les conséquences juridiques de ces propos, cela peut très bien constituer a fortiori une discrimination ainsi qu’une atteinte à la liberté et à la vie privée.

Par conséquent, en prenant les termes employés par la présidente du FN, un individu se doit donc de justifier sa manière d’être ainsi que son apparence physique…

 

Ce que dit le droit…

Du point de vue européen, la Convention Européenne de Sauvegarde des Droits de l’Homme dispose en son article 9 la liberté de pensée, de conscience et de religion:

Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites.

La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l’objet d’autres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité publique, à la protection de l’ordre, de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des droits et libertés d’autrui.

Les dispositions de cet article sont claires, les convictions de tout un chacun constituent un droit consacré.

 

Néanmoins, connaissant la position du Front National sur l’Union Européenne, il nous faut nous pencher sur le droit national.

Dommage pour le FN, la France s’est dotée au sein même de la Constitution de dispositions concernant ce même fait.

L’article 1er de la Constitution de 1958 fait état du respect des croyances de tous ses citoyens.

La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances.

Plus loin, l’article 10 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 insérée au sein du préambule de la Constitution de 1958 dispose :

« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ».

Le respect de la vie privée est quant à lui garanti par l’article 9 du Code Civil : « Chacun a droit au respect de sa vie privée »

Enfin concernant la liberté de se vêtir, celle-ci ne peut être limitée qu’au travail et seulement si elle est légitimement et proportionnellement justifiée par la tâche à accomplir. Dans la vie de tous les jours, celle-ci ne peut faire l’objet d’une restriction que si elle porte atteinte à la dignité de la personne ou si elle vise à troubler l’ordre public.

En somme aucune loi nationale n’interdit le port de la barbe, du keffieh, d’habits sobres et encore moins le droit d’adopter une attitude humble à l’égard de ses semblables ou de surcroît de se convertir à quelque religion que ce soit (si tel est le cas pour ces otages).

Il est clair que les médias qui promeuvent leurs OVNI (Objets visuels non islamisés) à la télévision sont très loin de cette attitude visant à se faire le plus discret possible…

Marine Le Pen ne fait que mettre le doigt sur ce qui est devenu aux yeux des français une anormalité notoire.

 

D’un point de vue critique, il faudra douloureusement noter qu’elle a tout de même raison sur un point.

La publicité faite aux otages n’est encore qu’une pathétique instrumentalisation sur les conséquences jugées « néfastes » des « prises d’otages islamique ».

Conversions forcées à un islam terroriste, obligation de se laisser pousser la barbe, de se vêtir à l’orientale, de ne pas être exubérant et j’en passe…

En bref, devenir l’antithèse même de ce que se veut être la démocratie occidentale.

Marine le Pen aura donc commis une bourde pour certains, mais pour les musulmans, ses propos hypocritement déclarés inappropriés par les autres partis politique ne sont que le reflet de la pensée sociétale actuelle vis à vis de l’Islam.

Melissa RAMSAMY

 

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