LÉGISLATIVES : QUI CHOISIR À VITRY ?

LÉGISLATIVES : QUI CHOISIR À VITRY ?

La fracture de confiance entre citoyens et politiques s’est encore révélée à Vitry-sur-Seine, la plus grande ville du Val-de-Marne (97 000 habitants).

Le maire PCF sortant, Jean-Claude Kennedy, également à la tête de la liste rassemblant des partis de gauche : PC, PS et ELV, sort victorieux le 28 juin avec 49,87% des voix au second tour. Durant la campagne, presque toute la gauche est rassemblée derrière la tête de liste, tous affichaient clairement que la tête de liste serait maire.

Aucune incertitude ne régnait quant à l’issue du « troisième tour ». Mais en politique, tout peut arriver et surtout les trahisons. Mais celle que les habitants de Vitry vont vivre a fait l’effet d’une bombe.

Le 4 juillet, faisant fi du vote exprimé par les habitants de la ville, un petit groupe de 27 élus met en œuvre un plan machiavélique fomenté par la direction de la section du parti communiste, avec la complicité des socialistes et de certains écologistes, pour faire élire Pierre Bell’Lloch au poste de maire de la ville, il est conseiller départemental depuis 2008 (actuellement vice-président) et secrétaire de la section du parti communiste (sa mère, Fabienne Pourre, fut également  secrétaire de section PCF de Vitry et membre du comité exécutif national du parti). Certains diront que c’est un véritable coup de force, un déni de démocratie.

Très rapidement, la classe politique condamne.

Vitry vient d’ouvrir une boite de pandore pour les maires sortants ! Au département du Val-de-Marne, le Président FAVIER (PCF) retire les délégations accordées à Pierre Bell-Lloch. EELV décide également de sanctionner les élus EELV ayant participé au putsch, Abdallah Benbetka, devenu depuis le putsch adjoint au maire de Pierre Bell’Llloch est suspendu du mouvement EELV. Le PS, lui, semble renvoyer la responsabilité de cette situation au Parti Communiste. Le député socialiste Luc Carvounas condamne les élus putschistes PS. Le PCF condamne mollement. Rien qui puisse pousser à la démission ces élus.

Mais Vitry, n’en a pas fini avec les élections…

Réélu en juin à la mairie d’Alfortville, le député socialiste de la 9e circonscription du Val-de-Marne Luc Carvounas a choisi de se consacrer à son mandat municipal.

Sa suppléante ayant renoncé à prendre le relais, une élection législative partielle aura lieu.

Les électeurs de la 9e circonscription du Val-de-Marne (une partie de Vitry-sur-Seine et tout le territoire d’Alfortville) sont appelés à voter les dimanches 20 et 27 septembre pour l’élection du député de leur circonscription à l’Assemblée nationale.

Sur cette terre de gauche, ça se bouscule… 9 candidats vont s’affronter :  Isabelle Santiago (PS), Fatmata Konaté (PCF), Sandra Regol (EELV), Abdallah Benbetka (écologiste dissident), Christian Benedetti (LFI), Sandrine Ruchot (Lutte ouvrière), Jonathan Rosenblum (LREM-Modem), Michèle Bonhomme-Afflatet (LR-UDI), Gaëtan Dussausaye (RN).

6 candidatures viennent de la gauche. Mais les choses à Vitry ne sont désormais pas simples.

Dès juin, Isabelle Santiago (PS), vice-présidente au conseil départemental, et élue d’Alfortville annonce sa candidature. La candidate fait le choix de ne pas prendre un élu PS de Vitry pour les raisons que l’on connait.

La France insoumise a choisi Christian Benedetti comme candidat pour ces élections législatives partielles, il aura comme suppléante une jeune élue de Vitry, Nina Seron.

Le nouveau maire de Vitry, Pierre Bell’Lloch présente la candidature de Fatmata Konaté, son adjointe…

Des militants communistes ont déposé un recours contre cette candidature. Le Conseil national du PCF rejette cette candidature. Le parti communiste n’aura pas de candidat à cette élection « cela montre qu’il n’y a pas d’arrangement avec le respect de la démocratie », se félicitent des militants qui veulent voir dans le vote un rejet du « putsch » de Vitry. 

Abdallah Benbetka, adjoint au maire de Vitry-sur-Seine, suspendu du mouvement EELV, annonce sa candidature. Cette candidature n’est pas soutenue par EELV… et pourtant A.Benbekta, dans un communiqué début juillet annonce un accord entre P.Bell’Lloch et lui, précisant le soutien du PC local à sa candidature, le PC accepterait de ne pas présenter de candidat pour le soutenir.

L’accord va plus loin, A. Benbekta souligne qu’en cas de victoire, lui, l’élu EELV, membre de la direction locale d’EELV, siegera dans le groupe Communiste à l’Assemblée Nationale. Les militants d’EELV apprécieront…

Les petites trahisons entre amis ont la vie dure à Vitry. Il est lâché par ses amis communistes-putschistes et par son parti EELV. Puisque l’un et l’autre présenteront des candidatures.

Vitry Rassemblés, le groupe municipal de Jean-Claude Kennedy, le maire sortant, composé notamment de Michel Leprêtre (président du Territoire Grand Orly Seine-bièvre) et de Hocine TMIMI (président de l’Oph et conseiller départemental) décide de ne pas présenter de candidat à cette législative.

Le groupe Vitry en mieux – La Fabrique soutient les candidatures de Sandra Regol (secrétaire nationale adjointe d’EELV) et d’Anissa Tibah (animatrice de La Fabrique). Un duo de femmes qui mêle à la fois une dimension nationale avec ses enjeux et un ancrage local fort pour des réponses de proximité aux enjeux du quotidien.

La venue de Sandra Regol, dans une terre de gauche qui se déchire, est sans doute un espoir pour que cette grande ville du Val-de-Marne reste bien à gauche.

C’est également un message fort à la direction locale d’EELV, que le coup de force ne peut rester sans conséquence et que l’image d’EELV à Vitry doit changer.

Le changement à EELV-Vitry passera par Sandra Regol avec le soutien de La Fabrique.

Avec l’élection partielle, les électeurs de Vitry ont l’occasion de sanctionner ou pas celles et ceux qui ont participé à ce que beaucoup de Vitriots appelle désormais « putsch » à Vitry !

Il faudra du temps et du changement pour s’immuniser contre le poison du désenchantement démocratique.

Entre les citoyens et leurs élus, le fossé est aujourd’hui tel que toute nouvelle disposition est d’emblée jugée insuffisante, voire suspecte.

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