Pierre Manent innove sur la place de l’islam en France et s’attire les chiens de garde islamophobes

Une nouvelle cabale a été lancée par la meute de loups islamophobes, cette fois contre un intellectuel peu connu mais non moins brillant, j’ai nommé Pierre Manent. Directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), Pierre Manent est l’auteur de nombreux ouvrages retraçant l’histoire des formes politiques de la tribu à la cosmopolis en passant par la cité, l’empire et la nation. Le regard politique qu’il porte sur la société lui donne une profondeur d’analyse rare et parfois à contre courant des idéologies en vogue. Comme jadis Raymond Aron, qu’il assista pendant plusieurs années, le philosophe originaire d’un milieu communiste ne se laisse pas intimider par la pensée des “belles âmes” et scrute le paysage sociale français afin d’en déchiffrer les mécanismes sous-jacents. Tout ceci dans le but de proposer une lecture se voulant être la plus fidèle à la réalité sans négliger son aspect positif, nécessaire à tout discours émanent d’un intellectuel, qui consiste à proposer des solutions.

Sur la droite ligne de leurs aïeux spirituels qui reprochaient à Raymond Aron de plaider pour la libération de l’Algérie, la horde des chiens de garde aboie contre Pierre Manent qui, après les événements tragiques du 11 janvier, cherche à trouver les solutions de ce fameux “vivre ensemble” en proposant dans son dernier ouvrage un compromis ou un “contrat social” respectant la dignité de chacun et posant un cadre adéquat pour la participation de tous. L’auteur reste tout de même exigeant envers les musulmans mais pas assez pour les gardiens de l’identité française.

Plus tôt dans l’année, c’est Emmanuel Todd qui avait subit les attaques de l’intelligentsia officielle. Voilà le prix à payer lorsque l’on s’oppose à la « pensée unique ». Dans les critiques de nos réactionnaires à l’encontre de Pierre Manent, on peut déceler ce petit goût d’amertume que l’on ressent lorsque l’on croie être trahit par l’un des nôtres, un penseur de « droite » qui se “soumet à l’islamisation”.

Mais qu’est ce qui dérange tellement nos amis qui ne nous aiment pas ? A les entendre, moi qui suis né en France, qui pense en français, qui parle en français, qui est diplômé d’une université française, qui leur répond en français, je ne serais pas assez français à leurs yeux ? Pourquoi ? Suis-je bête… Nadine Morano me l’a pourtant bien expliqué : « la France est un pays de race blanche ». En fait je ne suis pas français car je ne suis pas de race blanche et je ne suis pas de race blanche car je suis musulman et les musulmans sont tous des arabes ! Et c’est exactement cela qui est reproché au professeur Pierre Manent : il a le malheur de considérer les musulmans comme des Français. Comment a-t-il osé ?!

Le philosophe, au rebours de la plupart de ses collègues, a décidé de réfléchir, d’être une force de proposition. Il ne parle pas sous l’effet du ressentiment, écarte rapidement les fantasmes de l’extrême droite autour des thèses « remigrationistes » en vogue sur Internet et, par conséquent, pense à un avenir commun pacifié. Les islamophobes de droite comme de gauche devraient eux aussi intégrer l’idée que le “bien vivre ensemble” ne se fera pas sans qu’ils y mettent aussi du leur, en abandonnant la mauvaise foi et l’hypocrisie, pour commencer.

Il serait temps que nos laïcistes zélés cessent de pervertir le principe de laïcité, de continuellement passionner le débat autour de la question du culte musulman. Dès qu’un voile pointe le bout de son nez dans la rue, voilà que la “police des mœurs républicaines” débarque pour nous faire un rappel à la loi laïque. Leur travail a porté ses fruits amers. En menant une lutte active à coups de débats sur l’identité nationale, la place du voile à l’école ou dans l’espace public, ces derniers ont réussi à provoquer une véritable scission au sein de la société. La communauté musulmane se sentant à l’évidence directement visée par des lois liberticides n’est pas prête à se soumettre à cette application identitaire de la laïcité. La vision totalitaire des laïcards, réfutée par Pierre Manent, ne peut s’appliquer qu’à un individu abstrait pouvant changer du tout au tout lors de son passage de la sphère privée au domaine public. Quelle Homme, sinon un schizophrène,  peut porter une personnalité dans le privé et en endosser une autre au moment de son entrée dans les lieux publics ? Pourtant nos contradicteurs sont les premiers au front lorsqu’il s’agit de dénoncer les méfaits de l’idéologie libérale qui prépare l’avènement de ce type d’individu abstrait désincarné sans réalité social concrète. Alors que c’est bien leur vision de la laïcité qui participe à la création de cet individu en le contraignant à marquer une séparation brutale entre le public et le privé. En bref, ils sont les complices de ceux qu’ils dénoncent, ils alimentent ce qu’ils condamnent, car ils refusent d’accepter ceux qui ne leur ressemblent pas.

Pierre Manent a décidé de naviguer à contre courant en jetant avec son nouvel opus « situation de  la France » une pierre qui bloque le mécanisme de l’idéologie dominante mise en place pour faire disparaître la visibilité musulmane sur le territoire français. De Bruckner au Boulevard Voltaire, en passant par les commentaires confits de haine à l’encontre des musulmans sur le site du magazine Le Point, les réactionnaires anti-musulmans se devaient de réagir pour maintenir l’édifice déjà bancale de leur idéologie laïciste et islamophobe à qui le philosophe catholique a infligé un sacré coup de massue.

Il serait intéressant, qu’à notre tour, musulmans français, nous proposions des solutions intelligentes et viables pour notre avenir et celui de nos enfants… D’ici là, il faut lire ce livre avec raison et distance critique en essayant de tirer ce qui en serait bénéfique pour la communauté musulmane de France.

Oussama d’Iznassen

 

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pierre manent situation de la france2

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