Les Femens ont encore frappé. Cette fois-ci, ce sont les musulmans la cible. Le féminisme féménien déteste la morale, qu’elle soit philosophique ou religieuse, en ce qu’elle a de contraignant. Dans son entreprise de destruction des différences entre hommes et femmes, l’idéologie ultra-féministe refuse de considérer le bien fondé de ce que l’on appelle une morale ou une éthique. Le problème est que sur ce terrain, elle est à court d’arguments, puisqu’à partir du moment où la morale n’a aucun fondement, au nom de quoi pourrait-on interdire une quelconque manière de conduire sa vie ? Son seul recours est donc l’instrumentalisation de ces concepts galvaudés que sont la liberté et l’égalité.
« Au nom de la liberté des femmes, nous ne pouvons accepter qu’une femme se voile ».
« Au nom de l’égalité entre hommes et femmes, il est indigne d’une femme qu’elle décide de se consacrer à sa famille ou qu’elle choisisse de privilégier son travail au sein du foyer ».
C’est donc au nom de la liberté qu’elle prive les femmes musulmanes (ou non musulmanes d’ailleurs) de leur liberté de choix. Ce discours repose sur une contradiction insoluble, qu’elles essaient de masquer derrière l’exhibition de leur nudité.
En effet, il n’y a pas plus grand ennemi de la liberté que ces justicières auto-proclamées, ne la défendant que quand elle est en accord avec l’idée qu’elles se font d’elle. Chez elles, la liberté se mesure à la quantité d’habits que la femme porte. Son taux d’émancipation est inversement proportionnel à la surface du corps couverte par son vêtement. Moins tu es couverte plus tu es libre. La superficialité du raisonnement reflète en réalité le ressentiment et la haine irréfléchie qui sont au principe de leurs attaques répétées envers la femme musulmane.
Dans cette vision réductrice où le simplisme est au service de la diabolisation, deux visions de la famille s’opposent: le modèle « obscurantiste » de l’islamisme fondamentaliste radicaliste salafiste plus tout plein de mots en « -iste » auquel les femens, appuyées par certains médias, reprochent d’organiser les rapports hommes/femmes en vertu d’une conception fondée sur une différence de nature entre l’homme et la femme et donc de rôle au sein de la cellule familiale et de la société en générale. Et le magnifique, juste et bon modèle libéralo-libertaire de la famille abstraite où les membres deviennent interchangeables: le fils peut prendre la place du père, la femme peut décider de porter le pantalon en laissant la jupe à son mari, modèle qui d’ailleurs n’a cessé de faire ses preuves tout au long de son histoire récente.
En effet, il peut brandir fièrement les chiffres de sa réussite avec un mariage sur deux qui finit par un divorce et plus d’un enfant sur trois naissant hors mariage, un père qui ne sait plus comment asseoir son autorité face à des enfants de plus en plus « rebelles », éduqués à coup d’émissions abrutissantes et de publicités qui exacerbent leurs pulsions et encouragent leurs caprices les plus invraisemblables. Cette idéologie féministe a détruit la figure paternelle en déconstruisant le discours, considéré comme macho, misogyne, réactionnaire, qui consiste à dire que oui la famille, comme toute autre organisation, a besoin d’une autorité pour maintenir l’ordre et la discipline et offrir à la société des enfants équilibrés et fortifiés par ce double apport de l’amour protecteur et canalisateur de la mère et de l’autorité paternelle au contact de laquelle se forme le surmoi de l’enfant, nécessaire au développement de sa conscience et régulateur des désirs devant être refrénés.
Le féminisme feménien fait un déni de réalité car le fait est que les différences entre hommes et femmes sont d’abord biologiques avec ce qu’elles impliquent comme prolongements dans la vie sociale. Pour lui, tout discours qui mettrait en évidence des traits de caractères propres à l’un des deux sexes doit être combattu car il fait obstacle à son idéologie homogénéisante qui, pour affirmer l’égalité des sexes, doit obligatoirement nier leurs différences. Ainsi la société idéale des féministes ressemblerait à un monde où l’homme et la femme seraient des êtres interchangeables, similaires en tout point, ne gardant aucune spécificité (car la spécificité engendre nécessairement l’inégalité). Le problème est qu’en rejetant tout ce qui les distingue, les deux genres de l’humanité perdront aussitôt l’élément essentiel de leur attirance réciproque car comme nous l’enseigne Platon à travers la bouche de son maître Socrate, l’amour est d’abord et avant tout amour de ce dont on est dépourvu. Si les hommes aiment les femmes c’est justement pour ce qui constitue leur féminité, qui fait qu’elles ne sont pas des hommes et inversement.
L’indistinction de genre prônée par ces ultra féministes n’est en fait que la préparation d’un terrain humain propice au déploiement du capitalisme. Dans la mesure où le capitalisme, à son stade actuel, ne fonctionne qu’en créant de nouveau désirs qu’il réussit à traduire en marchandises consommables, il faut pour conduire le règne du grand Capital à son apogée, briser les barrières morales du désir car, pour le dire simplement, la morale ça fait perdre de l’argent! C’est seulement en comprenant que les discours qui encensent la liberté totale et inconditionnelle font le lit du capitalisme financier que l’on pourra saisir pourquoi les femens peuvent exécuter en toute impunité leurs plans infâmes.
Enfin, plusieurs médias mainstreams ont proféré une avalanche de critiques visant à diaboliser les imams du salon du Val d’Oise, se faisant ainsi l’écho des théories zemmouriennes les plus caricaturales, mais qui en définitive, trahissent une profonde ignorance des préceptes islamiques et un refus de compréhension. Cela me donne l’occasion de revenir sur un certain nombre d’idées reçues:
1. En islam les mariages sont endogames »: Faux, le prophète qui est l’exemple de tout musulman ne s’est marié avec aucune de ses cousines seulement des femmes d’autres tribus et même Maria la copte qui comme son nom l’indique était issue d’une autre religion. D’ailleurs le juriste musulman de renom Ibn Qudama al-Maqdissi déconseille le mariage entre cousin. De surcroît vous ne trouverez aucun passage coranique ni aucune parole prophétique encourageant le mariage entre cousins.
2. L’islam tient la femme pour mineure, la prive de liberté et la place sous la responsabilité d’autrui »: Rappelons quelques faits concrets qui démentent ces élucubrations: Khadija, la première femme du prophète, était une commerçante qui jouissait d’une indépendance lui permettant de gérer ses affaires et d’être à elle même sa propre source financière. Aïcha était une femme savante, une des sources les plus importantes en terme de tradition prophétique, des hommes venaient la questionner et prendre d’elle le savoir. Le jour du pacte de Houdeybia, lorsque le prophète a vu sa décision incomprise par les compagnons, il s’abrita sous sa tente où se trouvait sa femme Umm Salama qui le conseilla en lui disant «sors, désacralise toi et sacrifie ta bête sans rien leur dire et ils te suivront». Vous avez ici trois exemples qui montrent que la femme musulmane, au premiers temps de l’Islam, pouvait non seulement jouir d’une liberté économique, mais qu’elle pouvait converser d’égale à égale et même enseigner aux hommes ce qu’ils ne savaient pas en matière de religion et qui plus est, remplir la fonction de conseillère politique de manière très pragmatique.
En résumé, oui l’Islam -tel que je l’ai compris- prône un schéma familiale où l’homme et la femme ont chacun des fonctions différentes mais complémentaires découlant de leurs prédispositions particulières mais tout aussi importantes l’une que l’autre. Toute famille a besoin d’un chef, d’un meneur qui porte sur ses épaules toute la famille et d’une maîtresse, d’une conseillère qui garantit un cadre de vie plaisant, un environnement propice au développement équilibré de chacun. J’ai la conviction ferme que c’est ce modèle qui garantit le bon fonctionnement de la cellule familiale pilier fondamentale de toute société. »La femme est la bergère du domicile conjugal et des enfants, et sera questionnée à ce sujet » (al-Bukhârî et Muslim)
Pour finir, j’invite avec insistance nos soeurs et nos frères à incarner les enseignements de la tradition dont ils se revendiquent, afin de montrer par l’action ce que nous avons essayé de démontrer par le verbe. Il est temps pour les musulmans et les musulmanes de France de prendre leur destin en main et de passer de l’état de spectateurs passifs subissant les insultes les plus humiliantes, à celui d’acteurs mettant au centre de leurs préoccupations les affaires des musulmans en se formant sur les préceptes de leur religion et sur les idéaux qui forment le contexte dans lequel ils vivent. Communauté de Muhammad sois à la hauteur de tes ancêtres et prépare pour tes successeurs un monde meilleur que le tien.
Oussama d’Iznassen