“Les Blancs sont supérieurs à ces Nègres, comme les Nègres le sont aux singes, et comme les singes le sont aux huîtres.“ Voltaire (Traité de métaphysique)
C’est ainsi que ce chantre de la tolérance exprime son avis, teinté de la clairvoyante lumière si caractéristique de son siècle, sur la hiérarchie des êtres vivants. Fort heureusement les Nègres peuvent se targuer d’être meilleurs que les singes, il s’en ai fallu de peu. Mais peut être trouverions nous plus de clémence et de bon sens de l’autre coté de la Manche chez cette lumineuse référence qu’est David Hume? « Je suspecte les Nègres et en général les autres espèces humaines d’être naturellement inférieurs à la race blanche. Il n’y a jamais eu de nation civilisée d’une autre couleur que la couleur blanche, ni d’individu illustre par ses actions ou par sa capacité de réflexion »(dans « Sur les caractères nationaux, Vol III »).
Quelle sombre lumière est jetée sur le reste du monde par ces hommes qui, il faut le savoir, incarnent la matrice de la pensée moderne. Leurs idéaux modèlent les sociétés, pénètrent les esprits jusqu’à aujourd’hui et c’est au nom de la Raison, nouvelle divinité adorée en dehors de l’Unique, qu’ils apporteront une justification « scientifique » à l’exploitation et à la domination de millions d’hommes d’autres races que la leur. Colonisation et esclavage sont les deux formes pratiques de la réalisation de cet objectif, corollaire d’une anthropologie différentialiste (la race blanche est supérieure aux autres races donc il est de son droit de les dominer) théorisée par ces esprits « éclairés », à qui l’on donnera plus tard le nom de racisme. Le racisme a toujours existé mais c’est la première fois qu’on en donne une explication rationnelle et plus tard même « scientifique ».
Notre but ici n’est pas de donner une description exhaustive des mécanismes qui lient l’idéologie racialiste promue par les philosophes des lumières, et la politique hégémonique menée par leurs pays, mais plutôt de tordre le cou à une idée reçue qui découle d’une lecture partiale de l’histoire: l’idée que la tolérance est le fruit suave de la pensée incomparablement magnifique des Lumières. Le fait est que ces lumières portent en elles une part d’ombre, de noirceur qui se traduit par cette tendance irrépressible à noyer le jugement sur les personnes humaines dans les eaux glacées du rationalisme pure, perdant aussitôt cette chaleur que lui donne le coeur et grâce à laquelle, bien que ne trouvant pas une explication rationnelle, sait par un savoir inné et immédiat que le noir tout autant que le blanc est un homme.
Vous l’aurez compris, sur cette question essentielle la lumière ne vient pas d’Europe. Si seulement nous eûmes une lecture de l’histoire un peu moins européanocentrée, nous saurions qu’il y a eu un discours incroyablement « moderne » pour les temps reculés où il a été tenu. Mais cette fois-ci, il faut tourner le dos à la lumière pour se rendre en direction de cette aride contrée où le soleil ne se lève pas, laissant dans la pénombre sinistre de l’obscurantisme un peuple assoiffé de sang mais où tout de même y vécu un homme avec qui Dieu scella le cycle de la prophétie, Muhammad ben Abdallah al-Haachimi. Le prophète de l’islam a mis un point d’honneur à régler cette question. Lors de son pèlerinage d’adieu, alors qu’une immense foule de femmes et d’hommes écoutaient ce qui sera l’une de ses dernières recommandations, il déclara solennellement: «Ô gens ! Vous avez un seul Dieu et vous venez d’un seul père ! Il n’y a pas de différence entre un arabe et un non arabe ni entre un blanc et un noir si ce n’est par la piété.» corroborant ainsi les propos de son Seigneur qui nous enseigne dans Sa sage révélation «(Ô vous les hommes ! Nous vous avons créé à partir d’un mâle et d’une femelle. Nous vous avons partagé en peuples et en tribus afin que vous vous entre-connaissiez. Le plus honorable d’entre vous auprès d’Allah, c’est le plus pieux)» Voila en effet, pour Allah et son prophète, le seul et unique critère capable de distinguer les Hommes, un critère à la portée de toutes et tous, homme femme, noir blanc, pauvre ou riche: la piété… et rien d’autre. Autrement dit, les Hommes ne sont pas par nature inégaux aux yeux de Dieu, mais c’est bien ce qu’ils font et ce qu’il disent, la grandeur de leurs actions ou la bassesses de leurs comportements qui les distinguent les uns des autres. Ces paroles ont été prononcées au septième siècle de notre ère, il y a 1400 ans, plus de mille ans avant le siècle de ces fameuses Lumières, en cet âge décrit pour sombre et injuste que l’on a nommé rétrospectivement de façon péjorative Moyen-Age. Mais malheureusement le fait est que peu d’entre les musulmans eux mêmes ont retenu et appliqué cet illustre enseignement. Ce texte ne se veut pas dithyrambique à l’égard de la communauté musulmane. Par ces quelques lignes nous voulions rappeler la grandeur de l’islam et la décadence des musulmans préférant s’humilier en cherchant la gloire et la réussite dans autre que leur foi.
En contraste des vils propos par lesquels a commencé ce texte, Nous aimerions évoqué pour finir en beauté ces quelques mots d’un revivificateur de la religion authentique cheikh al islam ibn Taymiyya qui nous dit:
« Si tu t’imprègnes de ce qu’était réellement la Tradition prophétique, tu te rendras compte que le Messager (r) n’a jamais fait de distinction entre un arabe et un non arabe (…) il n’a jamais privilégié les arabes dans la religion, ni en ce qui concerne le tribut, ni en ce qui concerne la captivité. Il ne les a jamais favorisés dans les traités de paix, il n’a jamais décrété qu’un non arabe n’était pas du même rang qu’un arabe au niveau du mariage, et il ne leur a jamais permis de jouir d’une chose indépendamment des autres. Il fondait cependant ses jugements sur les hommes en fonction des noms que le Coran leur donne comme : croyant/mécréant, vertueux/pervers. »
Oussama d’Iznassen