Réponse à une islamophobe qui refuse de se faire soigner par des femmes voilées

Une femme, Diane B, a publié sur sa page Facebook un statut expliquant son refus de se voir ausculter par une étudiante voilée à la clinique dentaire de l’Université de Montréal. Cela a beaucoup fait réagir, négativement comme positivement sur les réseaux sociaux.

Diane B. a expliqué à l’étudiante musulmane qu’elle ne voulait pas se faire ausculter par elle parce que cela allait à l’encontre de ses croyances et que cela l’a blessée dans ses valeurs profondes, tout en spécifiant que cela n’avait rien à voir avec elle. À la suite de cela, un docteur et un directeur ont discuté avec Mme B. Cette dernière a spécifié l’importance de l’égalité homme – femme et le fait qu’elle croyait qu’elle était dans son droit de refuser de se faire soigner par une femme voilée pour cette raison. La direction a donc refusé de la soigner.

Suite à cette affaire, Mme B. a demandé à ses amis de partager son statut en spécifiant qu’elle voulait « que tout le Québec sache que les droits des québécois de souche sont fragilisés à cause de la meute de l’islam… » Visiblement, cette histoire a soulevé énormément de questions et demande un peu de dépoussiérage.

Alors voici ma réponse :

Chaque seconde compte,

Je travaille dans un centre d’appel d’urgence au Québec. Mon travail est d’évaluer les situations d’urgence et de prodiguer les soins immédiats au téléphone pour les personnes qui sont en danger de mort (arrêts cardio-respiratoire, étouffements, accouchements  imminents et autres situations dangereuses pour le patient).

Ce n’est pas un travail facile, plusieurs cas me touchent et me font réaliser à quel point la vie est fragile. Le plus important pour moi est de rester professionnelle, guider la personne au bout du fil, la mettre en confiance et lui faire sentir qu’elle appelle au bon endroit pour de l’aide. J’aime beaucoup ce que je fais, mon emploi me passionne et me motive à être une personne meilleure dans la vie de tous les jours et je ne le changerais pour rien au monde. Avec cet emploi, je crois avoir trouvé ma vocation, celle d’aider les gens. Et cela, peu importe leur nationalité, leur couleur de peau, leur orientation sexuelle ou leur identité religieuse. Faire la différence, ma différence, c’est ce qui compte le plus pour moi dans ma vie de tous les jours . 

J’oubliais, je suis de confession musulmane et je suis voilée. Est-ce que tout ce que je viens de dire plus haut vient de prendre un autre sens pour vous ? Avez-vous changé l’opinion que vous aviez au départ avant d’avoir eu cette nouvelle information ? Est-ce que si un jour vous deviez appeler à l’aide en situation d’urgence vous demanderiez à ne pas parler à la femme voilée maintenant que vous savez qu’il y en a une sans que vous puissiez le deviner ? Tout en sachant que dans mon domaine , chaque seconde compte…

Cordialement votre, celle qui veut faire la différence
Jihane

Partagez :