Les naissances à Gaza, une forme de résistance pour les palestiniennes

A seulement quelques centaines de mètres de la morgue de l’hôpital Nasser, les palestiniens donnent un nouveau souffle à la bande de Gaza qui a été tant ravagée.

« Je dis à l’occupant israélien, si vous pensez que tuer des palestiniens nous fera trembler … en aucune manière ! » déclare  Abeer saqqa à Al Jazeera, pleine de détermination alors qu’elle vient d’accoucher d’un fils, nommé Anwar. 

L’unité néonatale de l’hôpital est en pleine effervescence. Une trêve de 72 heures entre Israël et le Hamas donne un sursis après plus d’un mois de bombardements israéliens sur le territoire palestinien. On compte au moins 1965 morts et près de 10 000 blessés depuis le début de l’opération « bordure protectrice »  le 8 juillet, d’après les données de l’ONU. Du côté israélien ce sont 64 soldats et 3 civils qui ont été tués. 

« Je suis désormais plus déterminée que jamais à avoir beaucoup d’enfants pour compenser ceux qu’Israël nous a enlevés », poursuit la jeune femme interviewée âgée de 20 ans. 

Pour sa part, Haneen Alfarra, 30 ans, a accouché juste une heure après que sonmari de 34 ans a été tué par une frappe israélienne le 1er août. 

« La frappe aérienne a touché notre maison alors que nous nous enfuyons. », déplore-t-elle en larme. 

Mariée depuis huit ans, Alfarra a trois autres  enfants, entre 2 et 5 ans. Le bébé de 10 jours n’a toujours pas de nom.

« Son père, son grand-père et ses cousins ont tous été tués par le missile ». 

Depuis le début  de l’opération militaire israélienne, les autorités locales rapportent que 4 500 bébés auraient vu le jour. En 2013, 66 600 bébés sont nés dans la bande de Gaza, soit 5 550 chaque mois selon le Bureau Central des Statistiques Palestinien. 

Docteur Yasmine Wahba de l’unité de maternité de l’hôpital a déclaré que le nombre de naissances aurait pu être plus élevé mais beaucoup de femmes ont subi des fausses couches.

« La peur est une cause majeure dans l’augmentation des naissances prématurées… Beaucoup de bébés ici sont nés à 30 et 32 semaines alors que le terme d’une grossesse se situe à 37 semaines. « 

Au cours de l’opération militaire israélienne, 15 hôpitaux et 16 cliniques publiques ont été endommagés, d’après l’ONU. Le ministère de la santé rapporte également que 13 des 54 centre de premiers secours à Gaza ont été fermés en raison des bombardements ainsi que 7 des 21 centres appartenant aux nations unies et ce, pour les mêmes raisons.

Cette situation a obligé les femmes à accoucher à la maison ou dans des abri sans soins médicaux spécialisés. Or, en dépit de ces difficultés, les palestiniens sont restés déterminés. 

Pendant ce temps, depuis son lit d’hôpital, Abeer saqqa, tout juste maman, déclare qu’elle va monter une tente sur les ruines de la maison de sa famille détruite .

« Donner la vie fait partie de mon souhait de résister. S’ils tuent un [enfant], nous donnerons naissance à dix autres enfants. »

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