Centrafrique : Les habitants musulmans du PK 5 sont assiégés

Nous ne cessons d’évoquer depuis plusieurs mois, dans les colonnes de notre rédaction le génocide que vivent nos frères centrafricains. En effet, des milliers de musulmans de Bangui sont l’objet d’agressions incessantes, de lynchages, de démembrements et de « cannibalisation ».

Depuis le 22 mars 2014, des miliciens anti-balaka et d’autres combattants vêtus d’uniformes de l’armée nationale ne cessent de tenter de rentrer dans les quartiers musulmans pour les exterminer.

Philipe Bolonpio,directeur de plaidoyer auprès des Nations Unies pour Human Rights Watch déclare « De nombreux habitants de Bangui se sentent pris au piège, dans l’impossibilité de rester, mais aussi de partir, ils risquent d’ être lynchés ou agressés dans la rue s’ils tentent de se rendre dans un autre quartier, ou de quitter la capitale.

Les miliciens anti-balaka ont attaqué à plusieurs reprises le quartier  musulman PK 5 le 22 mars. Lors d’une de ces attaques, les anti-balaka ont tué plusieurs personnes.

Des témoins ont affirmé à Human Rights Watch que certains des assaillants étaient armés de fusils kalachnikov et portaient des amulettes typiques des anti-balaka, tandis que d’autres étaient vêtus d’uniformes de l’armée nationale, les Forces armées centrafricaines (FACA)

Au moins quatre soldats de la paix africains ont été blessés par les forces anti-balaka le weekend dernier, a indiqué un responsable de l’Union africaine (UA).

Le 25 mars, des membres du personnel de Human Rights Watch ont entendu des tirs nourris près de l’aéroport et ont vu des individus piller des maisons dans des quartiers musulmans désertés.

Atahirou Balla Dodo, le maire de Kilomètre 5, a déclaré qu’il ne restait plus que quelques milliers d’habitants musulmans dans ce quartier où vivaient environ 124 000 musulmans avant que les violences n’éclatent en janvier. Selon des responsables d’organisations humanitaires, il ne reste plus qu’environ 10 000 musulmans dans le quartier PK5.

Depuis le 5 décembre, les résidents du quartier de Kilomètre 5 sont dans l’impossibilité d’atteindre le cimetière musulman, situé dans un autre secteur de Bangui. En conséquence, ils sont contraints d’enterrer leurs proches sur leurs propriétés.

Le 21 mars, une bande a essayé de lyncher Saoudi Abdouraman et deux membres de sa famille alors qu’ils étaient dans une banque au Kilomètre 0, l’un des quartiers les plus sûrs de Bangui.
« Ils criaient qu’ils tueraient tous les musulmans et qu’ils voulaient incendier notre voiture, a-t-il dit. « Un militaire des FACA m’a dit que si nous leur versions 300 000 francs CFA (630 dollars), nous pourrions quitter les lieux en toute sécurité. J’ai reconnu ces types. J’avais joué au football avec certains d’entre eux. À l’intérieur de la banque, des clients riaient et ont alerté la meute dehors quand nous avons tenté de nous enfuir par une porte dérobée.

« Les anti-balaka et leurs alliés au sein de l’armée nationale ont presque atteint leur objectif: le pays est en train de perdre rapidement sa population musulmane a affirmé Philippe Bolopion.

La situation à Bangui est très tendue, les miliciens chrétiens bloquent régulièrement les routes d’accès à l’aéroport. Ils s’en prennent à présent aux forces françaises et africaines qui tentent de s’opposer à eux.

Voilà une situation terrible mais qui fera certainement réfléchir les soldats français qui, selon des témoignages de Centrafricains, ont désarmés les civils musulmans au profit des miliciens chrétiens.

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