La déradicalisation est devenue un business comme les pseudos experts ! [ Edito de Mourad Ghazli ]

La déradicalisation est devenue un business comme les pseudos experts ! [ Edito de Mourad Ghazli ]

Chaque jour on voit défiler des experts en radicalisme auto proclamés, c’est devenu une spécialité conjoncturelle et pour d’autres une niche financière.

On parle aussi de cellule de déradicalisation, on a aucune information ni bilan sérieux d’évaluation sur le résultat obtenu, d’autant plus que l’explication quant au diagnostique est fallacieux.

Premièrement, le profil des personnes passées à l’acte et celui de celles parties en Syrie sont multiples, mais d’aucuns ont réduit cela à cause unique de radicalité qu’ils ont nommé salafisme.

Ils n’ont rien compris et ces experts sont donc des imposteurs. DAESH combat l’idéologie wahhabite et l’Arabie saoudite, or la Salafiya vient de ce pays.

Ils confondent une pratique orthodoxe venue d’un autre temps qui n’est pas criminelle et encore moins d’inspiration terroriste.

Le courant de la Salafiya interdit le vote dans un pays non musulman, le qualifiant de haram (un péché), par ailleurs ils interdissent le renversement d’un pouvoir même si c’est une dictature.

C’est donc incompatible avec DAESH qui convoite un territoire à la conquête d’un Etat d’où le nom Etat Islamique. Ils rejettent le pouvoir chiite irakien et syrien, ils veulent un état sunnite et ne reconnaissent pas la légitimité et les frontières de ces pays.

Toujours dans l’absurde, ces pseudos expertes et spécialistes assimilent les frères musulmans au Wahhâbisme, alors que les frères musulmans c’est d’abord une idéologie politique qui associe la pratique religieuse et la gestion de la vie de la cité.

Mohamed  Morsi, l’ancien président égyptien élu démocratiquement était le représentant des frères musulmans en Égypte, l’Arabie saoudite l’a soutenu et soutient aujourd’hui le dictateur Abdel Fattah Al Sissi qui a fait un coup d’état militaire.

Ce soutien a été jusqu’à une position religieuse puisque les imams de la Mecque ont fait des prêches pour soutenir le dictateur Al Sissi contre Morsi le frère musulman.

 DAESH combat le dictateur Al Sissi, c’est donc un élément d’explication supplémentaire que le Wahhâbisme n’a rien avoir avec DAESH.

Pourtant les médias et les pseudos spécialistes pensent que la lutte contre DAESH passe par s’attaquer à ce qu’ils appellent les salafistes, on peut leur reprocher leur pratique dogmatique, moyenâgeuse mais il ne s’agit certainement pas la d’un vivier de terroristes.

Concernant la déradicalisation, je cherche encore le mode d’emploi puisqu’aucune personne en dehors de François Burgat, Dominique De Villepin et le député Alain Marsaud n’ont dit que les revendications sont politiques et pas religieuses, ils veulent un état et pas islamiser le monde.

Nul ne peut nier que les sunnites d’Irak ont été et continuent aujourd’hui d’être chassés de chez eux notamment dans le nord de l’Irak mais aussi dans le Kurdistan.

Aucun pays de l’occident ne s’est soucié du sort des populations sunnites et encore moins les pays sunnites du moyen orient, ils se sont trouvés seuls à subir, d’où la création de DAESH.

Al-Qaïda est une idéologie dite religieuse qui s’est attribuée le droit de police religieuse en chassant et en attaquant le non musulman ou le mauvais musulman à leurs yeux en terre musulmane.

Al-Qaïda a été fondée pour lutter contre les russes en Afghanistan avec le soutien des américains.

Sauf que l’ampleur Al-Qaïda a fait peur au régime saoudien et aux usa qui les ont lâchés mais ils continuent de bénéficier de l’aide financière de riches princiers des pays du golf.

Comment recrute DAESH et comment cette organisation arrive-t-elle à être plus séduisante que la république ?

Daesh a utilisé le système de la communication numérique et de la production vidéo pour toucher la masse et essayer de séduire un maximum. Leurs contenus jouent sur l’émotion et la détresse qui relève en grande partie de la vérité sur ce qu’il s’est passé : viols, exactions, torture, meurtres et assassinats de la population sunnite par l’armée américaine et le pouvoir chiite revanchard contre les soutiens de Saddam.

Daesh utilise l’émotion, comme peut le faire Hollande pour justifier ses guerres ou Bush après le 11septembre, on sait bien que la jeunesse est friande de combats idéologiques comme ont pu l’être les anciens des brigades rouges, les maoïstes, staliniens etc.

C’est de présenter les choses comme une noble chose et donc mériter le soutien, autant on peut être d’accord que les américains sont responsables de ce qu’il se passe en Irak comme Sarkozy en Libye, autant les réponses de DAESH sont disproportionnées mais on peut s’interroger sur l’absence de solution alternative.

 DAESH a des campagnes de communication bien plus efficaces que celles du Ministère de l’Intérieur avec sa campagne pour lutter contre eux.

 On parle souvent de guerre d’image et bien c’est l’enjeu majeur. Imaginez- vous des jeunes qui savent que les sunnites d’Irak sont des victimes. Pensez vous que Madame Bouzar va réussir à convaincre des jeunes à partir de ce constat ? Je ne le crois pas mais en revanche je sais qu’elle s’enrichie ainsi que sa famille avec l’argent public.

 François Hollande balance des bombes, touchent des populations civiles et dans le même temps pense que les syriens vont saluer sa démarche alors qu’ils doivent déjà éviter celle de Vladimir Poutine et de Bachar El-Assad.

Qui protège les syriens ? Qui leur donne des aides humanitaires ? Personne. C’est donc plus facile pour DAESH de gagner du terrain en se présentant comme le rempart et le sauveur. 

Que devons-nous faire pour enrayer le départ de nos jeunes et surtout stopper DAESH ?

La solution qui peut couper court au terrorisme est uniquement terroriste. On va me dire ce sont des barbares ! Mais que faisons- nous actuellement en Afghanistan avec les Talibans ? Il y a des négociations officielles puisqu’après 14 ans de guerre avec des moyens considérables et largement supérieurs qu’en Syrie. La guerre a échoué.

La solution est suisse, on sait bien que ce pays est divisé en canton et on a trois Suisse dans une. C’est à dire une Suisse Allemande, Suisse Française et une Suisse Italienne : c’est une forme de décentralisation où de régionalisation comme il en existe dans beaucoup de pays dont la Belgique, vient au dessus un état fédéral.

Si le modèle Suisse ne convient pas, on doit s’inspirer de ce que nous avons fait avec l’ex Yougoslavie, un partage doit s’opérer à la découpe avec chacun un état c’est comme cela que nous avons vu naitre la Serbie pour les orthodoxes, la Croatie pour les catholiques et la Bosnie Herzégovine pour les musulmans.

On peut en dernier exemple s’inspirer du Liban, un découpage du pouvoir avec des postes réservés aux chiites, sunnites et chrétiens.

Je ne vous cache pas que j’aime la division d’un pays à partir d’une religion et surtout que l’histoire me donne raison car ces populations ont su vivre ensemble en total fraternité et que l’ambition de quelques personnages ont construit un antagonisme idéologique et religieux.

La question n’est pas ce que j’aime comme peut le faire l’arrogance occidentale à vouloir transposer et imposer leur philosophie mais faire preuve de pragmatisme en écoutant tout les principales populations concernées.

Pour ceux qui pensent que la solution c’est la guerre et pas la politique je leur réponds qu’on croyait avoir vu le pire avec Al-Qaïda et on a DAESH, le pire est toujours à prévoir si DAESH tombe car on n’aura pas réglé le problème des sunnites dans cette région et nous deviendrons encore plus des cibles car responsables de leur situation. 

Si on règle politiquement le problème de DAESH, ce dernier n’acceptera pas sur son sol sa branche kamikaze et nos jeunes ne trouveront aucune motivation à les rejoindre mais d’ici là ils auront peut être soutenu une autre cause qu’ils jugeront comme aider des opprimés.

* La rédaction ne partage pas forcément l’opinion de l’auteur *

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