Quand la justice française aurait des leçons à tirer de l’Afghanistan…

Ces derniers jours ont été marqués par la décision de justice relaxant les deux policiers mis en examen dans la mort des deux jeunes hommes Zyed et Bouna, respectivement âgés de 17 et 15 ans. Leur décès était survenu le 27 octobre 2005, à Clichy-sous-Bois alors qu’ils s’étaient réfugiés dans un transformateur EDF afin d’éviter un contrôle de police. 

La phrase clé prononcée par l’un des policiers, Sébastien Gaillemin à sa collègue Stéphanie Klein alors stagiaire, «S’ils rentrent sur le site EDF, je ne donne pas cher de leur peau» a entrainé la poursuite judiciaire des deux agents pour « non-assistance à personne en danger ». 

Les familles des victimes se disent « écoeurées », des manifestations de soutien devant le palais de justice de Bobigny et sur les réseaux sociaux notamment ont été spontanément lancées, conduites par le sentiment d’impunité policière. 

Ces faits se heurtent à un rendu de justice dans un tout autre pays, pays peu réputé pour son système judiciaire, l’Afghanistan. Kaboul a été le théâtre d’un drame en mars dernier, une jeune femme, Farkhunda, a été lynchée par la foule devant des policiers restés de glace face à ce spectacle. L’opinion publique occidentale aurait pu croire, qu’au vu de l’image qui est donnée du pays en terme de conditions des femmes, les policiers n’auraient rencontré aucune contrariété et n’auraient pas été punis pour non-assistance à personne en danger. Pourtant, c’est bien Kaboul qui donne une leçon de justice à la France. 

Non seulement, les policiers ont été poursuivis judiciairement mais également condamnés pour « négligence de devoir » à un an de prison par le tribunal. Parmi les onze policers mis en examen, cinq sont des cadres. Leur position hiérarchique n’a malgré tout pas influencé sur le jugement. 

De même, quatre hommes directement impliqués dans la mort de la jeune femme âgée de 27 ans ont été condamnés début mai à la peine capitale. 

L’enquête a révélé que Farkhundra a été accusée à tord d’avoir profané le Coran. En réalité, elle dénonçait la vente d’amulettes non conformes à l’islam par un commerçant. Ce dernier, piqué dans son orgueil et surement devant craindre pour ses profits, avait dénoncé la jeune femme pour propos blasphématoires envers le Coran, incitant la foule à se déchainer sur cette pauvre victime qui a été frappée à mort, brûlée et jetée dans une rivière. Cette mort filmée par de nombreux téléphones portables avaient indigné les réseaux sociaux. Elle avait aussi été sévèrement condamnée par le président, Ashraf Ghani, et les talibans. 

Même à Kaboul, les policiers sont punis pour non-assistance à personne en danger. En plus d’une sentence qui a meurtri les proches et les familles des deux jeunes garçons, certains politiques ou personnalités se sont donné le droit de fustiger ces deux victimes, rendant encore davantage malsain la relaxe des deux policiers. Certains magistrats ne devraient-ils pas opter pour un stage à Kaboul ? De l’ironie qui est pourtant de circonstance devant ces deux sentences. 

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