Au moins 536 élèves musulmans ont été dénoncés comme « radicaux » par leur établissement scolaire

La ministre de l’éducation nationale Najat Belkacem a indiqué que depuis la rentrée de 2014, « 536 signalements de suspicion ou de faits de radicalisation d’élèves » ont été recensés. Une nouvelle preuve de la stigmation d’élèves musulmans et de leur fichage sous couvert de lutte contre le « radicalisme ».

Lors de son audition devant la commission d’enquête sur la surveillance des filières et individus djihadistes de l’Assemblée nationale, la ministre de l’Education Nationale a révélé qu’au moins 536 élèves avaient été signalés par leur établissement. 

Ces signalements sont effectués « par les établissements, mais aussi par les parents eux-mêmes, dans des proportions qui nous échappent puisque, dans ce cas, les parents contactent directement le numéro vert prévu à cet effet sans passer par l’établissement scolaire », a-t-elle précisé.

Les signalements d’élèves musulmans se basent notamment sur un livret diffusé dans tous les établissements scolaires. Une infographie lancée par les ministères de l’Education Nationale et de l’Intérieur lors de la campagne #StopDjihadisme avait provoqué un tollé sur les réseaux sociaux où de nombreux internautes avaient expliqué se reconnaître dans les « premiers signalements décelables » sans pour autant être des « radicaux » ou des « jihadistes en puissance ». 

Au sein du ministère de l’Education Nationale, des consignes ont été données aux rectorats afin que les personnels des collèges et lycées soient capables de reconnaître « les premiers signes de radicalisation ». Parmi ces derniers, on note le refus d’écouter de la musique, de regarder la télévision ou encore d’aller à la piscine. 

Cette information donnée par Najat Belkacem prouve que les condamnations de la classe politique autour du fichage des élèves musulmans par le maire FN de Béziers n’était qu’hypocrisie. Depuis près d’un an, le Ministère de l’Education nationale se rend coupable de pratiques similaires sans que cela ne gêne les différents partis politiques. A noter que plus tôt dans l’année, l’académie de Poitiers avait provoqué un tollé général après que Médiapart ait dévoilé le fichage d’élèves musulmans selon des critères proches de ceux évoqués par la ministre de l’Education Nationale.

La communauté musulmane craint que sous couvert de lutte contre le « radicalisme », des mesures d’exceptions soient mises en place contre une partie de la population. Le signalement par un voisin ou un professeur ouvre la porte à toutes les dérives. Une stigmatisation qui peut rapidement dériver en dénonciations mensongères et abusives voire un apartheid qui ne dit pas son nom. Les risques de telles procédures sont graves cependant la paranoïa qui a gagné une grande partie de la population semble avoir permis tous les excès à l’encontre des musulmans.

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