17 Octobre 1961: Poursuivre le combat des shouhada de la Seine

« Ne dites pas de ceux qui sont tués dans le sentier d’Allah qu’ils sont morts. Au contraire ils sont vivants. » Coran 2 : 154

De la fondation de l’Étoile Nord Africaine à Paris dans les années 1920 aux mobilisations de la Wilaya VII du Front de libération nationale en passant par la création du Parti du peuple algérien à Nanterre, l’immigration algérienne a apporté une contribution décisive à la libération de l’Algérie. Les manifestations du 17 octobre 1961 restent une des pages les plus marquantes de cette histoire.

Le 5 octobre 1961, la préfecture de police de Paris, suivant les directives du gouvernement gaulliste, décréta un couvre-feu entre 20h30 et 5h30 pour les « Français musulmans d’Algérie ». En réponse, dans la soirée du 17 octobre, le FLN organisa une manifestation réunissant plus de 30 000 Algérien-ne-s qui exprimèrent leur refus de se plier à une mesure raciste et revendiquèrent l’indépendance de l’Algérie, au cœur de la capitale de la puissance coloniale. En ce sens, la mobilisation du 17 octobre reste avant tout un acte de résistance et les manifestants tombés ce jour-là des shouhada de la liberté.

Car, comme en Algérie, les autorités françaises réprimèrent dans le sang les Algérien-ne-s qui s’opposaient à la colonisation. Les forces de l’ordre annoncèrent l’arrestation de 11 730 personnes. Des centaines de manifestant-e-s furent grièvement blessé-e-s et d’autres assassiné-e-s. Entre les assassinats ayant précédé la mobilisation et la répression du 17 octobre et des jours suivants, environ 300 Algérien-ne-s perdirent la vie au cours de ces massacres. Ces chiffres terribles font du 17 octobre la répression la plus sanglante qu’ait connu Paris depuis l’écrasement de la Commune en mai 1871.

Aujourd’hui, les mécanismes ayant présidé à ces massacres persistent car les autorités françaises n’ont jamais rompu avec leur politique coloniale et raciste. Celle-ci s’est notamment exprimée cet été par un soutien à l’entité sioniste dans sa guerre contre Gaza et par la répression du mouvement de soutien à la Palestine. L’interdiction de manifestations majoritairement composées d’Arabes et de musulman-e-s, le quadrillage de Barbès, les arrestations parfois suivies de condamnations, la répression de toute forme d’expression de soutien à la résistance palestinienne et la protection accordée aux nervis de la Ligue de Défense Juive, nous rappellent l’actualité du 17 octobre et l’arbitraire d’un État raciste qui nous réprime comme il réprimait nos parents.

L’interdiction du hijab à l’école et du niqab dans l’espace public, la prohibition des « prières de rue » ou l’interdiction faite aux mères portant le hijab d’accompagner leurs enfants lors des sorties scolaires nous rappellent également la nécessité de la lutte contre le racisme d’État. Car ces lois et ces mesures sont tout aussi racistes que le couvre-feu anti-algérien-ne-s d’octobre 1961.

Poursuivre le combat de nos shouhada, c’est donc lutter contre les lois racistes et islamophobes actuellement en vigueur, comme eux s’étaient opposés à un couvre-feu raciste. C’est également lutter pour la libération de la nation arabe et de la oumma islamique de la domination occidentale, comme eux ont lutté pour la libération de l’Algérie.

Rassemblement le 17 Octobre 2014 à 17h30 – Pont Saint Michel à Paris

Campagne pour l’Abrogation des Lois Islamophobes (A.L.I.) – Paris

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