Sarcelles : Les organisateurs de la manifestation pour Gaza risquent 6 mois de prison

A Sarcelles, les débordements après une manifestation interdite pour la Palestine sont au centre d’un conflit entre le maire PS et les organisateurs jugés responsables de la casse par celle-ci.

«Il faut assumer les conséquences de ses actes» déclare François Puppponi, maire de Sarcelles.

La mairie est décidée à faire payer les organisateurs de la manifestation du 20 juillet dernier à Sarcelles. Après une plainte de l’élu, le Parquet de Pontoise a décidé d’ouvrir une enquête sur les dégradations qui ont eu lieu après la dispersion de la manifestation. 

De l’autre côté, le porte-parole du Collectif des habitants de Garges-Sarcelles, Nabil Koskossi, explique qu’il est serein quant à la décision de justice. L’homme qui risque jusqu’à 6 mois de prison et 7500 euros d’amende sait que contrairement aux allégations du maire, il n’est pas responsable des heurts entre habitants de Sarcelles et policiers.

« Nous avons fait les choses dans les règles. On a eu une tolérance des forces de l’ordre pour rassembler et disperser les gens qui voulaient y participer en contrebas de la gare de Garges-Sarcelles. »

Contrairement à ce qu’affirme la municipalité, les organisateurs ont accepté de ne pas manifester mais afin de ne pas laisser les personnes présentes sans explication, les membres du Collectif étaient venus eux-mêmes annoncer l’interdiction de se rassembler. Après une minute de silence pour Gaza, les manifestants s’étaient dispersés dans le calme depuis la gare.

LDJ SARCELLE

Pourquoi alors des tensions ?

Juste après la dispersion des manifestants, des messages téléphoniques ont commencé à circuler dans Sarcelles. La Ligue de Défense Juive ainsi que le Bêtar seraient présents et attendraient les jeunes de la ville pour en découdre. Il a fallu quelques minutes pour qu’un attroupement se forme à côté de la synagogue où étaient postés les miliciens radicaux. Comme à l’accoutumée, les forces de l’ordre ont protégé les nervis de la LDJ pourtant armés, préférant s’en prendre à la population locale à coups de flash ball (voir vidéo).

Pendant quelques heures, la ville va être mise à sac par la jeunesse de Sarcelles en colère, les responsables de la communauté juive de la ville ayant semble-t-il choisi d’appeler des milices formées d’extrémistes sionistes connues pour leurs ratonnades sur les musulmans notamment les femmes seules. 

Colère et incompréhension …

Contrairement ce qu’avait affirmé le Figaro pendant quelques heures, aucune synagogue n’a été prise pour cible pendant les émeutes. Les jeunes de la ville qui vivent depuis des décennies dans le respect des différences ont été accusés par la presse d’antisémitisme et de vouloir casser du juif. Des propos diffamatoires qui vont à l’opposé de ceux recueillis par Islam&Info sur place.

Les musulmans de Sarcelles se sentent à nouveau pris pour cible par les autorités. Trompés, ils n’auront pas eu le droit de manifester pacifiquement leur soutien à Gaza et en plus dorénavant  sont accusés d’antisémitisme.

« On a grandi avec les juifs de Sarcelles. Il n’y avait aucun problème entre nous. Maintenant c’est la première fois qu’on demande de manifester et on nous le refuse. Le fait d’amener la LDJ ici, c’est une menace d’agression intolérable. Le vivre-ensemble, ça va dans les deux sens » explique Ahmed, excédé par la proportion que prend l’affaire.

Les jeunes souhaitent que nos caméras rectifient les mensonges de la presse officielle. Ils s’expliquent sur les accusations et veulent que la vérité soit connue de tous.

« La seule synagogue spectatrice des émeutes, c’est celle qui a accueilli devant son fronton les mecs de la LDJ. Mais même celle là on n’y a pas touché. On est musulman, on ne touche pas aux lieux de cultes ! » explique Mounir.

Pour la jeunesse de Sarcelles, il y aura un avant et un après 20 Juillet 2014. La stigmatisation dont a été victime la communauté musulmane a laissé des séquelles dans la tête des jeunes. La prise de position nette du maire et son acharnement contre les organisateurs de la manifestation questionnent les habitants. La « petite Jérusalem » a besoin de retrouver le calme, pas qu’on s’éternise sur des faits dont les auteurs ont déjà été condamnés par la justice.

Le Collectif des habitants de Garges-Sarcelles est bien décidé à faire éclater la vérité sur ces événements notamment le rôle de la LDJ dont le ministère envisage la dissolution. Le Parti Socialiste habitué au clientélisme communautaire a de nouveau fait le choix de la stigmatisation. De son côté, Marine Le Pen a profité des incidents survenus dans la ville pour alimenter ses fantasmes d’antisémitisme musulman, inversion accusatoire visant à poursuivre la dédiabolisation du Front National tout en surfant sur la vague islamophobe que traverse la France.

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