Nigéria, Boko Haram et la fièvre médiatique – Anis Al Fayda

L’Occident est en émoi. En effet, le groupuscule extrémiste Boko Haram a enlevé 200 lycéennes au Nigéria, en attente de les échanger avec ses membres emprisonnés par le gouvernement nigérian.

Tout d’abord, ce groupuscule ne représente que lui-même, ses agissements sont en totale contradiction avec les valeurs de l’islam, cela va sans dire. Il n’est pas nécessaire de le rappeler, et nous n’avons pas besoin de prouver quoi que ce soit aux élites occidentales. En effet, cet emballement médiatique donne encore une fois de plus l’occasion aux médias d’exiger des musulmans de prouver leur bonne foi humaniste, de les soumettre à la question républicaine, mais même si certains bénis oui-oui se prêtent à ce jeu, le doute, le trouble est jeté toujours un peu plus sur l’islam et les musulmans.

On assiste donc en effet à une fièvre médiatique incroyable, où chacun y va de son selfie, au premier chef Michelle Obama qui pose avec une pancarte « Bring Back Our Girls », soit rendez-nous nos filles. Et combien de civils innocents tués par les drones, les bombes de votre président de mari ?

Un rassemblement eut lieu mardi dernier sur le parvis des droits de l’homme au Trocadéro, tout un programme, avec toutes les stars que le show-business peut compter, dont Boko Haram ne voudrait pas même gratuit, et Carla Bruni en prime. Combien de civils afghans et libyens tués par votre ex-président de mari ? Il ne manquerait plus que DSK pour y aller de son petit appel déchirant, et là, la boucle serait bouclée.

Puisque les médias et les élites occidentales n’ont de cesse de se payer notre tête, montrons que nous pouvons exceller en la matière et faisons de la provocation : pourquoi ces lycéennes n’auraient-elles pas droit au paradoxe d’Anderson ? Ah le romantisme n’existe que pour l’Occident, les brigades rouges, la Bande à Baader, la Bande à Bonnot, oui, mais pas avec Boko Haram. Et si ces lycéennes faisaient des selfies, ce serait bon ? Cela passerait ?

La question à se poser est : Cui bono ? Oui, cui bono comme on dit à Garges-lès-Gonesse. Soit en bon français, à qui cela profite-t-il ? Certes pas aux musulmans en tout cas, toujours sous l’opprobre, sommés de montrer patte blanche, de prouver qu’ils condamnent ces agissements avec la plus grande vigueur.

PS : Petit Souffle, pour celles et ceux qui ne comprennent pas le second degré ou qui en sont dépourvus totalement, peuvent passer leur chemin bien-pensant.

« Irritare crabones », comme on dit à Sartrouville.

Anis Al Fayda
chroniquedefranceetdumonde.blogspot.fr

*** L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction ***

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