Syrie : L’Arabie va-t-elle enfin aider les insurgés ?

Syrie : L’Arabie va-t-elle enfin aider les insurgés ?

Nous vous avions fait connaître par de nombreuses analyses et articles à quel point le conflit syrien représentait un enjeu géostratégique global pour l’avenir des alliances internationales.

En effet, l’Iran est en passe d’être totalement réhabilitée par les Etats-Unis au grand dam de son allié saoudien. L’axe occidentalo-chiite est donc en train de redevenir une réalité après quelques décennies d’oubli. Il s’agit en effet pour l’Occident d’empêcher toute résurgence d’un grand espace sunnite capable de lui tourner le dos au profit d’une collaboration eurasiatique en le parcellisant au moyen de guerres civiles ethno-confessionelles permanentes.

Contre toute attente c’est le prince Bandar, ex-grand ami des États-Unis, qui a compris la chose le premier et qui s’est efforcé d’amener coûte que coûte ses alliés américains à un soutien plus actif de la rébellion sunnite syrienne. Cette initiative, soutenue par l’israel pour d’autres raisons, n’a pas abouti. En effet, l’israel souhaite lui une guerre d’épuisement en soutenant tour à tour les 2 camps. Pire elle a échoué par les accords de Genève qui ont scellé la victoire de la diplomatie chiite au Moyen-Orient. Cette gageure a mené Bandar a montré ostensiblement son mécontentement contre ses ex-partenaires « fidèles » en refusant le siège saoudien à l’ONU et en enclenchant une nouvelle politique de relations internationales …

Le prince a donc mené une politique ambitieuse de déstabilisation des intérêts américains et iraniens dans la région … La reprise des combats en Irak, les nouveaux fronts constitués en Syrie, les attentats au Liban et la vente d’équipements russes à l’Egypte en furent la résultante.

Mais la seconde étape devait passer par un rapprochement significatif de l’Arabie avec l’axe Islamabad-Pékin … Il s’agissait de fragiliser l’Amérique dans la région et de compromettre le soutien de la Chine à la Syrie via la Russie par de nouvelles collaborations hydro-militaires alléchantes.

Mais un nouveau revirement est alors intervenu. Il y a quelques semaines Bandar Ben Sultan s’est vu retirer la gestion de l’affaire syrienne au profit du Prince Mohamed Nayef, actuel ministre de l’intérieur saoudien. Aussitôt une loi, allant à l’encontre des dispositions prises par Bandar pour le soutien de l’insurrection syrienne, est annoncée : tout soutien physique ou verbal à une cause en relation avec le jihad en Syrie, en Irak ou ailleurs sera puni de 20 ans d’emprisonnement ! En effet, le jeune prince Nayef qui a fait sa réputation sur la chasse aux jihadistes internationaux d’Irak n’a été placé ici que pour contrecarrer les initiatives de Bandar. Il s’agit en effet pour l’Arabie de rassurer son allié américain qui commençait à s’inquiéter fortement de probables livraisons d’armes sophistiquées aux rebelles syriens. La politique aventureuse, mais qui pouvait avoir des issues révolutionnaires, de Bandar a pris fin.

Alors que la livraison d’armes pakistanaises anti-aériennes et anti-chars allait donner un ascendant à la rébellion sunnite le Prince Bandar a quasi été dépouillé de ses prérogatives sur la garde saoudienne et les renseignements mais aussi, expulsé vers les États-Unis (ou le Maroc selon d’autres sources) …

La visite du général pakistanais Raheel Sharif et la livraison de missiles chinois sol-air (Manpad) nommés Anza et des armes antichars à l’Arabie sont-elles la suite de la politique de Bandar ou un nouveau départ ?

La promesse d’Ahmad Jarba, envoyé saoudien en Syrie, qui a promis aux rebelles que « des armes performantes vont bientôt arriver » pourra -t-elle se réaliser malgré l’opposition stricte de l’Amérique ?

En tout cas les Etats-Unis font tout pour casser ce genre d’initiatives.

Les trêves annoncées, à la grande surprise de tous, autour de Damas entre combattants de certains groupes de l’ASL inféodés à l’Amérique et des milices du pouvoir syrien viennent confirmer la volonté de l’Amérique d’obliger les syriens à se résoudre à un découpage ethno-confessionnel du pays en empêchant ainsi une victoire possible des groupes musulmans sunnites nouvellement armés.

En effet, les groupes sunnites sont de plus en plus unis et semblent avoir décidé d’éliminer certains groupes « GIA syriens » accusés de kharijisme (exactions anti-musulmanes) et d’entrisme au profit des services occidentaux et chiites. La livraison d’armes anti-aériennes et anti-chars aurait permis un nouveau départ de la lutte …

Mais apparemment ni l’Amérique, ni les clans saoudiens au pouvoir depuis un mois ne le souhaitent …

Alors que la Syrie et le Yémen sont en proie au grand découpage, le grand projet de morcellement chiito-occidental commencé en Irak continue.

L’alliance occidentalo-chiite a donc de l’avenir dans la région et malheureusement pour les saoudiens aveugles … ils seront les prochains.

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