84 % des musulmans veulent des jours fériés pour les fêtes musulmanes

Les musulmans s’affirment et c’est tant mieux. Non, nous ne nous restreignons pas à ne pas se faire agresser parce que nous portons un voile ou discriminés à l’embauche parce que notre barbe dérange. Nous voulons plus. 84 % des musulmans en France veulent une reconnaissance claire des deux fêtes musulmanes, à savoir l’Aïd el Fitr et l’Aïd el Kebir.

Plus de 2 000 participants ont répondu au sondage de cette semaine. La majorité désireuse de l’instauration de jours non travaillés pour les fêtes religieuses musulmanes est écrasante.

Dans l’optique de faire vivre la discussion et parvenir à des échanges constructifs, nous remercions chaleureusement Myms, lectrice assidue d’Islam&Info, qui a pris l’initiative de créer et entretenir le débat. Merci également à tous les commentateurs qui ont donné leur avis sur le site. Nous citons d’ailleurs vos propos dans l’analyse ci-dessous.

De prime abord, certains ont pu trouver le sujet trivial mais ce n’est pas tant le thème abordé qui a son importance mais bien le résultat des débats qu’il soulève. En effet, à travers cette interrogation tout à chacun est apte à se positionner et à donner son point de vue. En conclusion, le final de ce sondage donne à voir la place que nous estimons pouvoir obtenir au sein de la République française.

Les musulmans de France sont en quête d’affirmation quant à leur statut de fidèles de la part de l’Etat. Mais au-delà de ce respect tout naturel, nous réclamons davantage. Nous avons entièrement intégré notre sentiment d’appartenance à la France et à sa population que nous soyons convertis et/ou d’origine étrangère. Comme le déclare Ibn Kad, lecteur d’Islam&Info, » l’islam fait partie intégralement de la société ». C’est justement par le biais de cette assurance que nous soutenons notre visibilité et la fierté de notre religion.

Le bilan d’un tel sondage pourrait sembler paradoxale car en même temps, nous sommes discrédités et vilipendés à longueur de temps dans les médias mainstream sur une islamophobie galopante en toile de fond dans la vie quotidienne mais parallèlement nous réclamons des droits allant bien au-delà. Or, cette apparente contradiction se soulève aisément en réalisant que nous ne visons pas qu’un basic respect, nous estimons ne pas être suffisamment pris au sérieux alors nous optons pour un coup plus fort et plus audacieux.

Le temps de la docilité et des courbettes est révolu. Nous sommes en entière rupture avec la politique menée par le CFCM ou de la Grande Mosquée de Paris qui ont par exemple instauré la fixation en avance du début du Ramadan, pratique allant en opposition complète avec l’islam et ce, dans le seul but de plaire à la République, nous exigeons désormais que ce soit la République qui nous arrange pour une pratique décente de notre culte.

 

Plusieurs raisons ont été invoquées par nos lecteurs pour justifier la création de jours non travaillés pour les fêtes musulmanes. Hind estime par exemple que cette option serait beaucoup plus pratique pour éviter les fausses excuses pour manquer l’école ou le travail. Ibn Kad, quant à lui, invoque la tolérance et le respect des coutumes de chacun. Apprendre la diversité culturelle et cultuelle est enrichissant pour les enfants à l’école qui seraient de ce fait familiarisés avec l’islam et ses grands événements. Aussi, Malsi31, dans une logique de solidarité, est tenté par l’obtention de jours fériés car, malgré sa facilité personnelle à prendre des congés à ces occasions, il pense aux frères et sœurs qui doivent travailler ou aller à l’école lors de ses jours de fête. Il lui semble donc plus égalitaire que tout le monde puisse ne pas travailler.

Enfin, Myms avance l’élément juridique qui peut tout faire basculer et faire de cette question non plus un sujet anodin mais bien le cœur de l’acquisition de nos espaces salariés, scolaires voire politiques. En demandant confirmation, elle soumet la possibilité de l’obtention de deux jours de congé pour raisons religieuses. Mais alors pourquoi personne n’est au courant ?

Après quelques petites recherches, l’espoir est né. En France, le code du travail autorise des absences pour motif religieux. L’autorisation d’absence est centrale car elle permet de ne pas travailler sans pour autant empiéter sur ses jours de congé annuels. Par exemple, à l’instar des 5 jours non travaillés « offerts » en cas de mariage, nous pourrions prendre des jours pour fêter l’Aïd. A ce jour, aucune autorisation d’absence pour motif religieux n’a été délivrée. En revanche, une circulaire administrative stipule que les pratiquants des religions « minoritaires » peuvent obtenir 3 jours par an. Cette règlementation est valable pour les juifs, les musulmans, les orthodoxes et les bouddhistes.

Le seul bémol réside dans la fixation par avance par l’Etat français des jours que nous pouvons prendre. C’est à cet endroit précis que nous devons intervenir. A nous d’être acteurs de notre religion et de son application. La question de l’organisation et de l’anticipation des fêtes a rebuté certains d’entre vous. Cependant, d’après ces conclusions il y a fort à penser que cette proposition de jours fériés ou « autorisation d’absence » si nous voulons être plus pointilleux, est tout à fait possible.

L’anticipation de ces jours demeure un problème, c’est uniquement aux musulmans de choisir. Ne prendre que des matinées d’absence pourrait être une solution tant pour la communauté musulmane qui assisterait alors aux prières matinales mais aussi pour les entreprises qui ne se sépareraient que peu de temps de leurs salariés.

Ainsi, il ne reste qu’à nous organiser et surtout faire appel à des lecteurs ayant des compétences juridiques afin que ces derniers confirment cette autorisation et nous orientent vers une mise en place de ce système.

Petit indice pour le prochain sondage : le thème sera beaucoup moins festif,… la Centrafrique.

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