France : Documents sur la Bombe A qui font froid dans le dos

Classée secret-défense par l’armée pendant de nombreuses années, une carte démontrant les zones de contamination après des essaies de la Bombe atomique vient d’être déclassifiée dans le cadre de l’enquête pénale déclenchée par des vétérans des campagnes d’essais nucléaires français. Pour la première fois, nous allons découvrir l’étendue exacte des retombées nucléaires radioactives des essais aériens réalisés par la France dans le Sahara algérien.Sur cette carte, les mesures de l’armée française montrent que, loin de stagner dans le désert, les retombées ont recouvert toute l’Afrique du Nord et même subsaharienne.

On constate ainsi que treize jours après le tir de la première bombe aérienne française, des retombées radioactives atteignent les côtes espagnoles et recouvrent la moitié de la Sicile !

Des normes de radioactivité dépassées à certains endroits. Pourtant, dans les documents secret-défense, les militaires assurent qu’elles étaient « généralement très faibles » et sans conséquences.

« Cela a toujours été le système de défense de l’armée », explique Bruno Barillot, spécialiste des essais nucléaires. C’est lui qui a analysé ces documents déclassifiés, obtenus par les associations qui ont porté plainte. » Sauf que les normes de l’époque étaient beaucoup moins strictes que maintenant et que les progrès de la médecine ont démontré depuis que même de faibles doses peuvent déclencher, dix, vingt ou trente ans plus tard, de graves maladies. »

Les militaires reconnaissent qu’à certains endroits les normes de radioactivité ont été largement dépassées : à Arak, près de Tamanrasset, où l’eau a été fortement contaminée, mais aussi dans la capitale tchadienne de N’Djamena.

« La carte du zonage des retombées montre que certains radioéléments éjectés par les explosions aériennes, tel l’iode 131 ou le césium 137, ont pu être inhalés par les populations malgré leur dilution dans l’atmosphère » explique Bruno Barillot.

Tout le monde sait que ces éléments radioactifs sont à l’origine de cancers ou de maladies cardio-vasculaires.

Les associations de victimes souhaiteraient obtenir d’autres informations. Cependant, Bruno Barillot affirme  que pour le moment le fonctionnement administratif de déclassification n’est pas satisfaisant. Il accuse l’armée d’avoir communiqué des archives que très soigneusement triées afin de minimiser les responsabilités de la France.

Une accusation réfutée hier par le ministère de la Défense par  le biais de son service communication : « Les documents ont été choisis par une commission consultative indépendante à laquelle l’armée ne participe pas. »

Quant aux nouvelles informations sur les retombées, le ministère, ne les ayant pas consultées, « n’a pas de commentaires » à faire.

La France devra-t-elle un jour indemniser les populations algériennes ? Le sujet reste une épine diplomatique entre les deux pays. A plusieurs reprises, l’Algérie avait menacé la France de rétorsions, sans aller jusqu’au bout.

Si l’état algérien ne bouge toujours pas, on peut compter sur la société civile qui s’empare donc du dossier.

 

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