« La Guerre des planches » par Anis al Fayda

Nous avons assisté récemment en France à un battage médiatique hallucinant autour du spectacle de Dieudonné, intitulé Le Mur.

Les autorités françaises, Manuel Valls en tête ont réussi une prouesse inédite en France, à savoir l’interdiction du dit spectacle, en ayant recours au Conseil d’Etat, soit la plus haute juridiction française ce qui est tout de même incroyable.

Ce spectacle constituait un grave trouble à l’ordre public et était ponctué d’insultes antisémites, d’atteintes à la dignité humaine d’après le gouvernement et des associations comme la Licra.

Où était cette pudibonderie lorsque Charlie Hebdo traînait dans la boue les musulmans, lorsque la pièce Golgota Picnic insultait copieusement les chrétiens, ou même lorsque les Femens profanent des églises ?

Le gouvernement ne semble pourtant pas décidé à en rester là, puisque Manuel Valls poursuit Dieudonné pour des injures dans une vidéo. Dieudonné tourne en dérision Manuel Valls, et François Hollande dans ses sketches, et dans ses vidéos, mais cela ne semble pas plaire ni au ministre de l’intérieur, ni à l’Establishment journalistique et intellectuel germanopratin. Se moquer du pouvoir, de l’autorité, n’est-ce pas là une valeur consubstantiellement de gauche ? Il faut choquer le bourgeois bon sang ! On croyait qu’il était interdit d’interdire ? Bah ça alors ? Il faut être libertaire, mais pas lorsque l’on en fait soi-même les frais alors ? Dès lors qui en a le droit ? Bizarre tout cela… enfin si, c’est l’hypocrisie gauchiste.

Dieudonné serait à blâmer au motif qu’il aurait de nombreuses amendes impayées. Où sont les bonnes âmes prêtes à soutenir l’artiste persécuté ? Où est passé le soutien envers l’artiste croulant sous les injonctions fiscales ? Le même soutien du milieu parisianiste qui avait apporté son soutien à Françoise Sagan, pour que son ardoise fiscale soit effacée. Deux poids, deux mesures encore une fois.

Philippe Tesson qui pousse l’outrecuidance ignominieuse jusqu’à clamer haut et fort sur les ondes, que la mort de Dieudonné par exécution le réjouirait profondément. Lui qui était aux avants postes de la liberté d’expression lors de la publication des caricatures immondes sur le prophète Muhammad (pbsl), où est donc passé cet allant ? Se serait-il évaporé ? Appeler publiquement à la mort d’un artiste! On se croirait en Corée du Nord ou en Birmanie! Et encore, même ces pays n’osent plus trop faire cela, car c’est trop classique.

Le gouvernement tente de se réfugier derrière un paravent pour masquer ses multiples échecs, mais ça ne prend pas. Le paravent dont ils ont tenté de se servir est troué. On peut y voir toute l’hypocrisie de gauche, qui parle de liberté d’expression quand cela l’arrange. C’est une polémique que n’aurait certes pas renié un Victor Hugo et sa bataille d’Hernani. Il est amusant de voir tous ces démocrates qui se réclament des idéaux de 1789, qui se gaussent de leur capacité de rire de tout, mais qui pourtant ne se gênent pas pour repasser les vieux habits de l’Ancien Régime qu’ils exècrent tant, et qui sont bien trop grands pour eux, tandis qu’eux n’ont que la petitesse du ridicule, dans cette valse judiciaire, cette minable bouffonnerie gouvernementale.

Manuel Valls tente de faire passer cette valse judiciaire pour une valse de Vienne, mais ce n’est même pas du twist, à peine du breakdance, et pas même de la tecktonik. Cette victoire judiciaire est pour lui une victoire à la Pyrrhus, mais qui aura su toutefois faire bouger la tectonique des plaques libertaires.

Anis Al Fayda

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