Faciliter les mariages compatibles par Daniel-Youssof Leclercq

Ici un édito de l’iconoclaste DYL sur le mariage. Ces propos peuvent choquer, bousculer votre vision de l’amour conjugal. A vous de lui répondre avec des arguments construits si vous le voulez bien !

 

Les amours qui font fi des convictions religieuses se révèlent bien souvent éphémères car, pour qu’un mariage se transforme en attachement conjugal, il faut un minimum d’affinités. Pour favoriser les unions, il est loisible d’user de tous les moyens convenables et de fixer des conditions judicieuses, à condition que le dernier mot revienne aux principaux intéressés.

Le mariage ne solutionne pas tout mais reste de loin le meilleur rempart pour stabiliser la société et la préserver de l’immoralité et du vice. Quand bien même, en d’autres temps, d’incroyables unions pouvaient se lier entre de très proches parents[1] (en Inde, en Chine, au Japon), entre frères et sœurs (dans l’ancienne Égypte) ou entre parents et enfants (chez les Zoroastriens persans), les religions « évoluées » (Judaïsme, Christianisme et Islam) ont persévéré à ne les avaliser qu’entre personnes « compatibles » et de sexes opposés.[2] Selon l’expression consacrée, on se marie « pour le meilleur et pour le pire » mais, pour que la vie conjugale puisse se dérouler sereinement, il vaut mieux capitaliser sur les affinités plutôt que sur les disparités.

Comme « l’amour rend aveugle et le mariage lui rend la vue », il sera toujours préférable que les amoureux aient des convictions politiques et religieuses analogues pour pouvoir cohabiter durablement.[3] Sachant que ses désillusions seront inversement proportionnelles à sa passion amoureuse, ce sera à ses risques et périls qu’un Musulman s’unira avec une Juive ou une Chrétienne même si ça lui est permis.[4] Tolérance oblige, il ne pourra imposer ses usages religieux (y compris hygiéniques !) à son épouse  ni lui interdire de consommer l’alcool et le porc, ni même d’idolâtrer des croix et autres fétiches, jusqu’au cou puisque sa religion (à elle) le permet.[5] Bible versus Coran, entre grands écarts spirituels et concessions dogmatiques réciproques, en définitive c’est le plus rusé qui transmettra ses valeurs religieuses à la progéniture. Sans compter que si le couple perdure « jusqu’à ce que mort s’ensuive », ce qui serait fort étonnant, il ne pourra franchir la frontière de l’au-delà.

La castration n’étant pas de mise en Islam,[6] en attendant de « trouver chaussure à son pied », le célibataire musulman s’astreindra à l’abstinence. Le mariage religieux est tellement commode (accord des prétendants,[7] tuteur[8] et fixation d’un douaire raisonnable pour la future mariée,[9] deux témoins, une courte homélie et un repas de noces pour officialiser l’événement[10]), qu’y passer outre pour assouvir ses désirs sera fort condamnable. Les clauses matrimoniales doivent être scrupuleusement respectées par les parties et seul le promoteur d’une condition peut la révoquer. [11]

Les mariages « arrangés » d’antan, qui ignoraient les coups de foudre et l’harmonie sexuelle, étaient semble-t-il plus pérennes qu’aujourd’hui, et les enfants qui en résultaient étaient visiblement plus heureux et équilibrés que dans les actuelles familles recomposées. Mais, c’était sans compter avec l’Amour avec un grand « A » qui est apparu au siècle dernier et est dorénavant devenu la condition primordiale et incontournable des unions modernes. De nos jours, les idylles se nouent plus souvent dans les agences matrimoniales, les « speed-dating » ou les « chat »[12] que par les entremises parentales ou fraternelles, mais peu importe tant que les procédés sont convenables et respectent la bienséance. Même s’il est désormais utopique de plaider pour les unions arrangées, faciliter les mariages reste une recommandation divine,[13] alors faciliter les rencontres entre les aspirants (mouqabalates), pour qu’ils puissent échanger décemment avant de s’engager, demeurera également plus que méritoire.


[1] Père, mère, frère, sœur, fils, fille, petit fils et petite fille, grand-père et grand-mère, oncle et tante, neveu et nièce.

[2] Les relations conjugales avec des parents proches, des personnes de même sexe ou des animaux sont strictement prohibées (Bible/Lévitique 18 :6-30 et Coran 4 :22-24)

[3] « Et ne gardez pas de liens conjugaux avec des mécréantes. » (Coran 60 :10) « Les mauvaises aux mauvais, et les mauvais aux mauvaises ! De même, les excellentes aux excellents, et les excellents aux excellentes ! » (Coran 24/26).  « « Et n’épousez pas les faiseuses de dieux tant qu’elles n’auront pas cru, -et certes une esclave croyante vaut mieux qu’une faiseuse de dieux, même qui vous enchante. Et ne donnez pas d’épouses aux faiseurs de dieux tant qu’ils n’auront pas cru, -et certes un esclave croyant vaut mieux qu’un faiseur de dieux, même qui vous enchante. Ils invitent au Feu ; tandis que DIEU vous invite, de par Sa permission, au Paradis et au pardon. Et IL explique aux gens Ses signes. Peut-être se rappelleront-ils !» (Coran 2 :221).

[4] Vous sont permises, aujourd’hui, les choses excellentes ; et permise la nourriture de ceux à qui le Livre a été donné, – et votre propre nourriture leur est permise ;- et les dames d’entre les croyantes, et les dames d’entre les gens à qui le Livre a été donné avant vous, quand vous leur aurez donné leur salaire d’honneur (douaire), – en mariage ! Pas comme des débauchés ni des preneurs d’amantes ! – Et quiconque mécroit en la foi, alors vaine devient son action, et il sera, dans l’au-delà, du nombre des perdants. » (Coran 5 :5). « Interrogé au sujet du mariage avec une chrétienne ou une juive, Ibn-`Omar répondait : « DIEU a interdit les femmes polythéistes aux croyants, et je ne sais rien de plus grave que d’entendre une femme dire que Jésus est son Seigneur, alors que Jésus n’est qu’un des adorateurs de DIEU ». » (Boukhary 68/18/1)

[5] « Pas de contrainte en religion ! Car le bon chemin se distingue de l’errance. » (Coran 2 :256).

[6] « O jeunes gens, que ceux d’entre vous qui ont de quoi entrer en ménage se marient. Cela est plus décent et plus conforme à la pudeur. Quant à celui qui n’a pas les moyens matériels d’entrer en ménage, qu’il jeûne, le jeûne est un calmant ». (Boukhary 67/3/1 – 67/2/1). « Nous étions en expédition avec le Prophète (ص) et n’avions pas de femmes. Ô Envoyé de DIEU, dîmes- nous, va-t-il falloir nous châtrer ? Le Prophète (ص) nous interdit de le faire » (Boukhary 67/6/1).

[7] En l’absence de consentement le mariage est vicié et peut être annulé. « La femme ayant déjà été mariée ne peut être donnée en mariage que sur son ordre; la vierge ne peut être donnée en mariage qu’après qu’on lui ait demandé son consentement. – Et comment donnera-t-elle son consentement ? Ô Envoyé de DIEU, demandèrent alors les fidèles. -En gardant le silence, répondit le Prophète (ص). » (Boukhary 67/42/1,2 et aussi  89/3/2 – 90/11/1,3,4). « Le père de Khans’-bent-Khidzâm l’ayant mariée alors qu’elle l’avait déjà été, celle-ci refusa d’accepter le mariage et alla trouver l’Envoyé de DIEU (ص) qui annula l’union. » (Boukhary 67/43/1 – 89/3/1 – 90/11/2).

[8] « Pas de mariage sans tuteur (waly) » (Ad-Darimy 11/11 – At-Tirmizhy 9/14 – Ibn Majah 9/15 – Malik 28/5 – Ibn Hanbal 6/66)

[9] « Et donnez aux épouses leur salaire d’honneur (douaire), comme de droit. Si de bon gré elles vous en abandonnent quelque chose, consommez-le alors en bien manger et bien boire. » (Coran 4 :4). « Puis, de même que vous jouissez d’elles, donnez-leur leurs salaires d’honneur (douaires), comme une chose due. Nul grief contre vous à ce que vous consentiez l’un à l’autre après cet arrêté. DIEU demeure savant, sage, vraiment ! » (Coran 4 :24). «  Eh bien ! reprit le Prophète, je te la donne pour ce que tu sais du Coran (tu le lui apprendras) ». »  (Boukhary 67/36/2 – 67/41/1 – 67/38/2).

[10] « Que DIEU bénisse ton mariage, répliqua le Prophète (ص). Donne un repas de noces, ne fut-il composé que d’un seul mouton. » (Boukhary 34/1/2,3, 63/3/1,2, 67/7/1, 80/53/1)  « Mohammed ibn Hatib rapporte que l’Envoyé de DIEU (ص) a dit : « La distinction entre le licite et l’illicite c’est le son du tambour dans le mariage ». » (Nasa’y 26/72)

[11] « La condition qui a le plus de droit à être remplie est celle par laquelle vous vous assurez la légitimité des relations conjugales ». (Boukhary 54/6/1). Pour épouser Séphora, le Prophète Moïse accepta les stipulations de son beau-père : « Il dit : « Je veux te marier à l’une de mes deux filles que voici, à condition que tu me serves comme salarié pendant huit ans. Si tu complètes la dizaine, ce sera de ton bon gré; je ne veux cependant pas t’être pénible. Tu me trouveras si DIEU veut, du nombre des gens de bien. » – « C’est entre moi et toi, dit [Moïse]. Quel que soit celui des deux termes que je j’accomplisse, alors, pas de violence contre moi. DIEU cependant est garant de ce que nous disons » ». (Coran 28 :27-28)

[12] Rencontres rapides pour trouver le partenaire idéal et discussions instantanées sur Internet.

[13] « Et mariez celles des vôtres qui n’ont pas de mari ; et aussi les gens de bien parmi vos esclaves hommes et vos esclaves femmes. S’ils sont besogneux, DIEU de par Sa grâce, les mettra à l’abri. DIEU, cependant, est immense, savant. Et quant à ceux qui n’ont pas de quoi se marier, qu’ils cherchent à rester chastes jusqu’à ce que DIEU, de par Sa grâce, les mette à l’abri. (Coran 24 :32)

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