Attentats sanglants à Bagdad sous couvert de la guerre irano-saoudienne

Une cinquantaine de personnes ont trouvé la mort lors d’une série d’attentats à la voiture piégée à Bagdad. Ces attaques visaient en majorité des quartiers chiites de la ville. De plus, la résidence du président irakien Jalal Talabani a subi une attaque coordonnée d’un groupe non identifié. Le pays semble de jour en jour s’enfoncer dans une guerre interminable.

Ce qui n’est pas dit par nos médias occidentaux est que les sunnites subissent depuis l’invasion américaine une persécution féroce menée par les alliés chiites des américains. En effet, cette invasion de l’Irak a été facilitée par Téhéran et depuis le gouvernement fantoche irakien est entre les mains de la minorité chiite. Ces attentats sont à analyser en tant que représailles visant un statu-quo et non en tant qu’attaques offensives.

Par ailleurs le refroidissement des relations américano-saoudiennes du fait du rapprochement irano-occidental pourrait pousser les saoudiens à revoir leur complicité dans l’occupation de l’Irak. D’ailleurs les attentats au Liban contre l’ambassade iranienne trouvent en toute vraisemblance leurs initiateurs à Riyadh et à … Tel Aviv. Le spectre perse et le péril frères musulmans semblent en effet avoir fortement rapproché les diplomaties saoudiennes et israéliennes. De là à penser qu’en Irak la main saoudienne pourrait apparaître il n y a qu’un pas.

Bandar, chef des services secrets saoudiens, grand initié de la politique internationale pourrait avoir initié une nouvelle politique étrangère calquée sur celle de ses « amis » israéliens et iraniens. Si les attentats sous faux drapeaux profitaient essentiellement aux intérêts américains, il pourrait en être à l’avenir autrement …

En effet, l’intelligentsia américaine justifie son rapprochement avec l’Iran du fait de son pouvoir de nuisance et la reconnaissance de son opposition anti-occidentale de façade. L’Arabie Saoudite de Bandar possède donc des cartes à jouer dans ce grand jeu géostratégique. Elles s’appellent Irak et Afghanistan.

La grande question est de savoir si les différents coups de semonce saoudiens ( refus du siège à l’ONU, armement russe de l’Egypte en pétro- dollars saouds et attentats au Liban et maintenant à Bagdad même ) ne sont qu’une rebuffade ou véritablement l’entrée de la pétromonarchie dans une nouvelle stratégie diplomatique aux contours très incertains.

Comme nous l’avions souligné dans d’autres articles, Bandar est le meilleur ami des néo conservateurs américains. Il n’y a donc quasiment aucune chance qu’une politique anti américaine n’émerge de lui. Toutefois nous n’oublions pas que les achats des missiles à longue portée chinois ont été de son fait. Nous rappelons également que si un  » printemps arabe  » intervient en Arabie il trouvera, comme à Bahrein, ses soutiens chez la menaçante minorité chiite. Une réaction trop agressive américaine pourrait d’ailleurs amener à des crispations non souhaitées au départ. D’autant plus que la course au pouvoir des différents princes saoudiens rend encore plus important l’appui des ailes radicales et conservatrices du pays aujourd’hui menacées et bien décidées à se défendre contre l’aile libérale.

Tous ces éléments semblent nous indiquer qu’une nouvelle ère s’ouvre en Arabie. Un emballement de l’histoire pourrait très bien mener rapidement le pays à une révolte puis à une démocratie libérale ou encore à une radicalisation et un retour d’un ultra-conservatisme cherchant un contre poids aux américains du coté chinois et russe.

En attendant, comme on dit en arabe saoudien : « Wait and see brother ! ».

 

 

Partagez :