Analyse – Revirement géostratégique saoudien ?

Selon Reuters et des médias russes Bandar ben Sultan chef des services secrets saoudiens a, comme nous vous l’annoncions avant tout le monde,  affirmé que son pays était en colère contre les États-Unis.

Ceci explique pourquoi les saoudiens ont refusé leur siège au Conseil de Sécurité en démontrant à la face du monde que l’ONU n’était rien sinon le jouet des occidentaux.

Ryadh a bien compris que les décideurs américains renouaient avec la tradition des anciens envahisseurs croisés et tatars en s’appuyant sur l’axe chiite, et en particulier l’Iran, pour casser toute tentative de résurrection arabo-islamique.

Cette position est d’ailleurs la seule objectivement valable pour toute présence étrangère viable au Moyen-Orient.

En effet, la période d’opposition chiite incarnée par Ahmedinejad est aujourd’hui bel et bien révolue.

L’heure est à la collaboration avec un Iran perse démocratisé selon le modèle turc et accepté comme puissance régionale sous influence occidentale.

Des analystes sionistes comme Adler corroborent d’ailleurs ce revirement probable.

Le grand maitre de la géopolitique Zbigniew Brzezinski le souhaite également ce qui échappe vraisemblablement à tous les néo-géostratèges du net éblouis par le spectre iranien et … leurs subsides.

 

La seule opposition persistante à calmer reste celle de certaines tendances dures israéliennes qui demandent plus de garantie face à l’Iran.

Une Syrie, un Liban, et une Égypte démantelés en morceaux ethniques sur le modèle de l’Irak seraient pour eux un bon gage de crédibilité …

Les modalités de ce redécoupage ne sont pas arrêtées ce qui explique les frictions actuelles.

Rien n’interdit d’ailleurs une réaction interne des alliés traditionnels de l’OTAN comme celle des turcs ( voir notre article ) ou … des saoudiens.

La carte du nouveau moyen-orient commence à inquiéter fortement ceux qui se croyaient à l’abri …

178710868_731c41-9eb85

Les changements de cap de la CIA en Égypte comme en Syrie provoqués par les pressions israéliennes, campés sur des schémas  messiano-nationalistes, semblent de plus en plus fragiliser la politique US de mondialisation globale.

Bandar ben Sultan qui était l’allié le plus proche des américains, semble trop connaitre les stratagèmes US pour en être dupe.

Voilà donc qu’il annonce ce que nous appelions de nos vœux depuis des années, à savoir une nouvelle coopération en fournitures d’armes et de pétrole avec la Chine et la Russie.

Bandar ben Sultan, ( annoncé mort par Thierry Meyssan …), membre du clan occidentaliste saoudien opère donc une révolution dans les affaires diplomatiques saoudiennes.

Le fait que l’armée égyptienne se rapproche finalement de la Russie, au grand damne des américains, en achetant ses armes avec l’argent saoudien en était en fait le premier indice.

L’ami de Rumsfeld ( nous le soupçonnons fortement d’avoir aidé les services américains dans leur inside job de 2001), deviendrait-il le chantre de l’anti impérialisme sunnite ?

prince-bandar-syrie

Rien de plus improbable.

Il s’agit ici seulement de la réaction d’orgueil d’un homme trop connaisseur des ficelles américaines pour se laisser rouler sans rien dire.

Mais parfois des mouvements d’humeur font l’histoire.

Si l’incident syrien ne trouvait pas solution et que Bandar devenait cible de trop fortes attaques US, voire de la CIA, alors celui-ci sera forcé de trouver aide chez la branche minoritaire, la plus orthodoxe et la plus anti-occidentale, de son pays. ( voir notre article à ce sujet )

L’homme des services et des coups tordus pourraient très bien prendre de vitesse les américains en accélérant la démocratisation de son pays exigée par l’Occident et ainsi amener au pouvoir … les plus radicaux des musulmans plébiscités par le peuple.

Il casserait ainsi le pouvoir des tribus affiliées à la finance mondiale en recourant à une allégeance directe du peuple des villes et des savants orthodoxes.

Un axe Ryadh, Islamabad, Pékin pourrait alors voir le jour.

Le pire cauchemar que l’Occident puisse s’imaginer.

N’oublions pas que la bombe nucléaire pakistanaise a été financée par les saoudiens et que des accords de rétrocessions existent

Pourquoi ne pas rêver ensuite de révoltes financées par l’Arabie, formées par l’ISI pakistanaise, et armées par les Chinois agissant en Irak, en Syrie, au Liban et au Maghreb avec l’accord tacite russe, ravis d’avoir obtenu l’amana pour le Caucase et les parties turkmènes devenues autonomes selon les modalités eurasiennes.

Aux révolutions oranges américaines succéderaient des révolutions blanches anti-occidentales et indigénistes soutenues par l’axe eurasiatislamique.

Nous n’en sommes évidemment pas là et la réaction saoudienne n’est pour l’instant que la prise de conscience d’un valet trompé.

Mais gardez toujours à l’esprit le souvenir de Poutine, homme des services, obéissant à un certain Boris Abramovitch Berezovsky …

Les choses ont bien changé depuis.

 

Partagez :