Après un banal contrôle de police, Arthur écope de 600 euros d’amende pour « apologie du terrorisme »

Le 16 juillet, à Reims, Arthur revient de la mosquée, conduit en scooter par un ami. Contrôle de police. Les fonctionnaires immobilisent le deux-roues.

Agacé, Arthur aurait, selon deux des trois policiers, dit : « Je vais quitter ce pays de merde. Il faudrait plus de Mohamed Merah dans ce pays de mécréants ».

Le troisième policier, dans la voiture à ce moment-là, ne peut confirmer le propos.

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Aucune interpellation n’a lieu. Le lendemain, Arthur reçoit une convocation pour venir s’expliquer au commissariat.

Le 22 juillet, il se rend à l’hôtel de police et à peine arrivé, se retrouve placé en garde à vue. Le voilà accusé d’apologie du terrorisme. Depuis le début, le prévenu nie formellement ces propos.

« Mais pourquoi les policiers auraient-ils entendu cette phrase? », interroge la présidente.

« Moi-même, franchement, j’aimerais bien le savoir », réplique Arthur, cheveu ras, barbe imposante et djellaba.

« Pas spécialement intéressé par la religion à l’adolescence », ce jeune homme de 26 ans est invité à parler de sa foi : « Oui, bien sûr, à long terme, j’aimerai partir dans un pays musulman […] car il est difficile de pratiquer l’islam en France. C’est un choix personnel, je n’éprouve pas de haine ».

Et Merah dans tout ça?

« Ce qu’il a fait est très grave […] Non, je ne suis pas islamiste, eux font partie d’un extrême dont j’estime ne pas faire partie », dit-il encore.

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Arthur a quatre mentions au casier judiciaire, pour dégradations et violences. Le substitut du procureur, peut-être fatigué par l’heure tardive, abrège et requiert trois mois ferme.

L’avocat de la défense, lui, attaque immédiatement en piqué la conclusion de ce « réquisitoire hasardeux ».

Il cite le rapport d’un policier : « Le prévenu parlait calmement […] Non, je ne me suis pas senti insulté mais on a quand même préféré signaler l’incident, on ne sait jamais ».

L’œil gourmand, il tonne : « La sœur de Mohamed Merah, elle, a dit devant une caméra qu’elle était ‘’fière’’ de ce qu’a fait son frère. Et elle a été relaxée! »

Malgré l’argumentaire, le tribunal déclare Arthur coupable d’apologie du terrorisme et le condamne à soixante jours-amende de dix euros.

Un verdict qui semble illustrer l’embarras de la présidente et ses deux assesseurs face à la fragilité de l’accusation.

lunion.presse.fr

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