Argenteuil – Droit de réponse des habitants après un article mensonger du Nouvel Obs

Islam&Info partage ce droit de réponse des habitants d’Argenteuil piégés par Agathe Logeart, journaliste du Nouvel Observateur.

Cette dernière devrait se lancer dans le roman policier étant donné les dérives mensongères de son article…

Elias d’Imzalène qui n’avait pas daigné répondre aux questions de cette « romancière »,  se réserve le droit de répondre aux mensonges proférés par Agathe Logeart dans ce même article.

Nous alerterons prochainement toutes les mosquées et associations musulmanes afin que plus personne ne se fasse piéger par cette journaliste dont les articles sont publiés dans la minute qui suit sur toute la blogosphère islamophobe. 

Nous conseillons à Agathe Logeart de déjà commencé à réfléchir à une reconversion professionnelle. Les réseaux intracommunautaires seront prévenus dans les plus brefs délais.

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Lettre ouverte à Agathe Logeart Rédactrice en chef de l’Hebdomadaire  LE NOUVEL OBSERVATEUR 

Dans Le numéro du Nouvel Observateur du 1er au 07 août 2013, vous signez une enquête titrée « Argenteuil : comment la guerre du voile s’est rallumée » où vous prétendez démonter les mécanismes d’une bataille politico–religieuse.

Nous nous sommes en effet bel et bien rencontrés  dans le cadre de votre enquête, et vous nous avez alors expliqué votre démarche : celle de traiter le sujet avec un certain recul afin d’éviter le sensationnel, avec une garantie de restitution sans déformation de nos propos et une impartialité et neutralité dans le traitement des informations récoltées.

Nous vous avons accordé un entretien tout en insistant bien en préambule sur le fait qu’il était essentiel que ces conditions soient respectées, car trop souvent les médias déforment les déclarations,  ne s’intéressent qu’aux voitures qui brûlent et aux invectives que profèrent les jeunes  à l’endroit des institutions, seul moyen d’exprimer un mal être et une oppression constante.   

Alors même que vous vous êtes présentée comme journaliste d’investigation avec la volonté de comprendre les mécanismes en œuvre dans les actes islamophobes, vous concentrez l’essentiel de votre article sur des individus  aux intentions peu louables, minorant ainsi l’essentiel, à savoir ces actes islamophobes, l’attitude de la police et des pouvoirs publics, une justice au rabais pour les habitant-es des quartiers populaires, les Arabes, les Noirs , les Roms,  les Musulmans ou supposés tels, mais aussi l’attitude responsable de militant-es associatifs amers de 30 années de mépris et malgré tout déterminés à faire toute la lumière sur ces actes islamophobes en dénonçant deux écueils : le clientélisme et l’intégrisme religieux.

Encore une fois Madame Logeart, les médias par votre entremise nous ont abusés.

En effet vous nous avez menti ; dès le choix de votre titre et de votre introduction, vous montrez votre partialité et l’analyse empirique et complète que vous prétendez faire est totalement biaisée ; en quoi l’emploi d’un vocable guerrier et le fait d’opposer la République et la religion restituent-il la vérité ?  En quoi notre entretien vous a-t-il amenée à penser que notre volonté est la confrontation avec les pouvoirs publics ? Pourquoi nous affubler de ce qualificatif d’hommes « en colère », si ce n’est pour décrédibiliser nos propos d’entrée de jeu ?

Nous aurions pu, afin de vous donner raison et vous montrer notre prétendue colère, trouver à notre tour quelques qualificatifs à votre endroit, théoriser sur le fait que vous décrédibilisiez  la profession en portant atteinte à vos confrères et qu’au final  vous n’êtes que l’outil de propagande d’un pouvoir en place…, mais nous préférons passer outre et uniquement éclaircir quelques points concernant votre fabuleuse enquête et rétablir quelques vérités sur notre entretien.

Tout d’abord vous parlez de presse circonspecte, pire encore d’une presse troublée par des incohérences !! Vous nous avez justifié cette passivité de la presse en comparant ce qui est arrivé lors de la fausse agression du RER D à ce qui s’est passé à Argenteuil, Reims et d’autres villes de France, comme si ces femmes réellement agressées  pouvaient être des menteuses, qu’elles se seraient concertées à distance et qu’elles ne seraient au final que des outils au service d’un discours servant des intégristes religieux.

Alors bien sûr, l’usage du point d’interrogation laisse ouverte la problématique, mais pourquoi ne pas poser toutes les alternatives ? Pourquoi ne pas se demander si cette inertie médiatique n’est pas un signe des temps où racisme et islamophobie ont été institutionnalisés, comme nous l’affirmons ?

Madame Logeart, ces agressions sont avérées et  il existe un début d’explication dans un rapport de Katrina Lantos Swett de  la Commission Américaine sur les Libertés Religieuses Internationales qui indique qu’en France, on observe « une laïcité trop agressive et restrictive des libertés »   à l’endroit des Musulmans. Cela autoriserait-il  certains de nos concitoyens à réaliser des actes abominables à l’endroit des citoyennes d’Argenteuil, de Reims et d’ailleurs, et à la presse d’être aussi dubitative ?

Vous indiquez ensuite qu’Argenteuil est une véritable poudrière et qu’elle est surveillée de près par la DCRI et le SDIG qui indiquent dans leur rapport une radicalisation islamiste,le fait que l’on ait frôlé la catastrophe et que le pire est peut-être à venir.

Nous pensons  qu’ici encore vous vous détournez des faits et que vous abusez du conditionnel :  on aurait évité la catastrophe, le pire serait à venir !!!

Ces propos trahissent le point de vue adopté, car pour nous voyez-vous, la catastrophe est bel et bien là : des actes de violence répétés à l’encontre de femmes parce que musulmanes, avec la perte pour l’une d’elles de son enfant. Au passage, quel  est l’intérêt dans votre article de préciser que cette femme venait d’accoucher en janvier et que de nouveau elle était enceinte ? Pensez-vous à votre lectorat, dont une partie pourra conforter des postures racistes sur le trop grand nombre d’enfants de ces Arabes et leur recherche supposée de trop d’allocations familiales ?

 Mais que s’est-il passé réellement à Argenteuil ?

Il y a eu des agressions islamophobes : l’essentiel est  de soutenir les victimes et de faire en sorte que cela n’arrive plus, et ce par tous les moyens légaux. Le reste n’est qu’un faux débat et participe  d’une volonté de stigmatiser une partie de la population et de créer de la division en appliquant les préceptes d’un certain Napoléon Bonaparte. De plus nous avons démontré, s’il le fallait encore, lors du rassemblement du 22 juin 2013 devant la sous-préfecture, que nous savions rester dignes, rassembler des populations de toutes les communautés sans distinction et préserver la cohésion et la paix sociale.

Toujours dans cette volonté de participer à la stigmatisation des populations des quartiers populaires dans laquelle vous prenez clairement parti , lorsqu’il est évoqué les abus de pouvoirs répétitifs des forces de l’ordre, vous contre-argumentez en disant que si nous avons cette posture- là, c’est parce que la police nuirait au trafic de stupéfiants dans les cités. Là encore l’usage de la forme interrogative renvoie dos à dos la version des jeunes des quartiers et celles des policiers : quel courage ! Qui des pouvoirs publics, des journalistes osera dénoncer «  ces policiers au-dessus des lois » comme le fait Amnesty International ? A ce titre vous proposez un encart sur M. Ali Ziri, mais rien sur ce que nous vous avons signalé : un article du Monde.fr qui parle de sanctions à l’égard de policiers d’Argenteuil alors même que la justice conclut à un non-lieu. Une contradiction patente, mais une de plus que vous avez choisi de taire.

Vous dites également que les victimes à Argenteuil bénéficient d’un soin spécifique dont les autres femmes victimes de violences ne bénéficient pas : encore une fois vous opposez les victimes et tentez de hiérarchiser le traitement qui leur est prodigué : dans quel but ? Quel est l’intérêt dans la réflexion qui est la vôtre de déclarer cela de cette manière ? Encore une fois, votre lectorat pourra valider un poncif scandaleusement faux, à savoir que ces « autres » seraient des privilégiées, pire encore que ces femmes enfoulardées et soi-disant porteuses d’un projet rétrograde seraient mieux traitées que d’autres femmes victimes de violences. Vous savez très bien que s’ajoutent à ces attaques sexistes, la discrimination raciste et la montée des idées d’extrême droite (jusque dans ce gouvernement pour des raisons purement électoralistes).

Pourquoi ne pas souligner l’injonction au silence par les pouvoirs publics lorsque les victimes sont musulman-es, arabes, noir-es, roms ? Comme si l’émeute était le risque majeur. Qui comprendra que l’émeute est le résultat de la non-prise en compte de ces discriminations, de leur négation jusque dans les décisions de justice, du silence médiatique et politique ?

Concernant les relations entre les services municipaux et la communauté musulmane d’Argenteuil, encore une fois votre enquête qui se voulait complète et dont le thème central : démonter les mécanismes de la bataille politico-religieuse pêche par  manque d’éléments factuels. Nous vous invitons donc à revenir à Argenteuil, à creuser un peu plus le sujet et peut-être faire un vrai travail de journaliste d’investigation.

Vous évoquez le rassemblement spontané qui s’est déroulé devant la mairie le 14 juin 2013, les individus malveillants qui se sont mêlés à la foule  ainsi que ses débordements,  mais vous n’évoquez jamais le rassemblement  organisé par des citoyens  de tous horizons rassemblés en collectif qui s’est déroulé dans le calme et la dignité et qui pointe le doigt sur les causes profondes de ces dérives islamophobes.  

Dans la première partie de votre paragraphe nommé « La parano a gagné la ville », vous nous faites une démonstration, qui aurait pu être très drôle si elle n’était pas si grave. En effet vous laissez entendre que Maitre Maati, dépêché par le CRI, initialement avocat de deux des victimes, rabroué devant le Ministère, ainsi que les membres du CRI eux-mêmes seraient soit diligentés par des islamistes radicaux soit des récupérateurs malveillants : encore une fois ce genre de raccourci est d’une gravité absolue et fait montre soit d’un amateurisme total (ce que nous ne pensons pas) soit d’une subjectivité affligeante pour la rédactrice en chef d’un hebdomadaire comme «  le Nouvel Obs ». 

 Nous en revenons aux huit hommes en colère.

 Nous ne comprenons toujours pas pourquoi vous nous avez affublés de ce  qualificatif, ne vous a-t-on pas fait bon accueil, une voiture avec chauffeur vous accompagnant entre la gare et nos locaux ? Lles échanges n’étaient-ils pas cordiaux, teintés d’humour, de sincérité et d’émotion ? N’y avait-il pas un certain recul et une réelle volonté d’analyse, qui ont l’air de vous manquer en réalité ?  Dans tous les cas  jamais « en colère », même après vos élucubrations.

Scandaleux vos propos pour expliquer notre méfiance à l’égard de la presse et les raisons qui poussent certains d’entre nous à ne pas donner nos noms. Ne vous a-t-on pas expliqué que nombre de fois la presse nous a fait tenir des propos jamais prononcés en y accolant notre nom, ou encore que notre engagement militant pour la justice s’est parfois traduit en poursuite par la police… ?

Quant à l’antisémitisme, nous avons souligné que nous le condamnons sans aucune ambiguïté, et dans le même temps nous avons pu constater que l’indignation des pouvoirs publics, médiatiques et politiques est à géométrie variable.  A ce sujet, le dernier mot est donné à M. Valls : comme c’est facile juste après le bas peuple, histoire de rétablir LA VERITE. Ce dernier rassure votre lectorat une fois de plus : celles et ceux qui dénoncent le 2 poids, 2 mesures sont évidemment des antisémites. C’est honteux ! Ce que nous avons dit c’est que si nous avions du mal à faire confiance à la presse, c’est que vous avez tendance à travestir la vérité et les propos des gens qui vous accueillent et que c’est toujours à l’endroit d’un même profil de population, ce qui explique notre présente démarche.

Concernant le traitement différencié des crimes racistes, nous l’avons évoqué en effet, mais nous avons pris pour exemple les crimes commis contre la communauté chinoise dans la région de Bordeaux, nous avons à nouveau rappelé la fausse agression du RER D, et vous l’avez vous-même rappelé dans votre prodigieuse enquête : les médias sur ces affaires d’agressions Islamophobes ont été je vous cite « circonspects ». Nous affirmons donc qu’il y a un traitement différencié sur les populations en fonction des enjeux économiques ou des pressions politiques. 

Quelques autres vérités sont bonnes à dire afin d’éviter toute division et tout conflit :

– Concernant Kamel Razkallah et le collectif qu’il représente, il a été effectivement à un moment donné porte-parole des deux collectifs créés à Argenteuil ; il est évident que c’est un double rôle impossible à assumer, mais à aucun moment nous ne lui avons fermé la porte, ainsi qu’à l’autre collectif avec qui nous sommes prêts à collaborer sur certaines actions.

– Vous nous prêtez des connexions avec Elias d’Imzalène : sachez que nous ne l’avons jamais rencontré, tout comme nous n’avons jamais rencontré Monsieur Valls, mais nous ne nous interdisons pas d’écouter ce que les uns et les autres ont à dire dans la mesure où leur objectif n’est pas de nuire à la cohésion sociale et au vivre ensemble.

– Plus grave : vous nous avez dit ne pas vouloir faire de sensationnel, or encore une fois vous tentez de nous mettre en opposition avec les pouvoirs publics et vous nous obligez à nous justifier, alors que l’essentiel est ailleurs (détourner l’attention est un art dans certaines branches d’activité) : vous déclarez que nous sommes convaincus que les agresseurs sont des policiers ; c’est faux. Ce que nous disons c’est que nous envisageons toutes les possibilités et qu’au même titre qu’on suspecte les familles des victimes, nous considérons qu’au vu des relations police/population dans les quartiers populaires et notamment à Argenteuil, il n’y a pas de piste à négliger.

– Tout aussi grave : vous nous accusez  de nous atteler à constituer des groupes d’autodéfense que nous  essaimerions dans la France entière  et vous terminez vos propos à nouveau en nous opposant au Ministre de L’Intérieur M. Valls. La chose que nous avons dite était qu’il existait des groupuscules d’extrême-droite qui ont une stratégie bien définie pour s’attaquer aux Musulmans, Anders Behring et son ami arrêté en France en sont le porte-étendard, que les membres de la communauté musulmane ne se sentent pas en sécurité et qu’il est important que les pouvoirs publics agissent  car sinon pour certains, les groupes de défense seraient la réponse. A aucun moment nous n’avons dit partager ce point de vue, au contraire nous pensons qu’il existe d’autres alternatives afin de conserver la  fragile cohésion sociale de notre pays.

– Vous nous avez posé la question  : « Quelle serait votre position par rapport aux prochaines élections municipales ? ” A l’unanimité nous avons répondu que la gauche nous a déçus, car elle n’a pas tenu ses engagements et notamment le droit de vote des étrangers. Nous avons également déclaré que la droite n’était pas mieux  et que nous ne voulions plus être pris en otages lors des campagnes électorales pour faire le fonds de commerce de certains candidats.

– Vous avez écrit que nous exigeons l’abrogation des lois sur le voile à l’école et sur le niqab. Ce que nous avons dit c’est que tant que les pouvoirs publics ne s’attaqueront pas aux réelles causes de cette islamophobie ambiante, telles que ces lois qui  vont à l’encontre de la loi de 1905  régissant la Laïcité, nous continuerons de vivre dans un climat de suspicion et d’insécurité. 

Enfin, concernant nos origines et la référence aux premières générations,  le raccourci est effarant, et de cette manière vous éludez les questions de fond afin de focaliser sur les conséquences et d’oublier les causes  de ce problème de société. En substance, ce que nous vous avons dit c’est que l’islamphobie est le résultat sans équivoque d’une gestion politique trentenaire qui, entre enjeux politique, de pouvoir et incapacité collective à produire du vivre ensemble, a mis des Français face à face, poings contre poings ! Les pouvoirs publics nieront-ils leurs responsabilités ?

Faut-il énumérer les lois votées, expressément dédiées à l’endroit de la communauté musulmane, qui créent, de fait, de la discrimination et qui la légitiment ?

L’Arabe et le Noir d’hier sont devenus le Musulman d’aujourd’hui !!!! La haine de celui qui soi-disant «vole le pain hier» est dévolue à celle «qui porte le voile aujourd’hui». Voilà qu’une civilisation toute entière est caricaturée, et dans les poubelles de l’Histoire sont renvoyés l’influence d’Averroès sur Saint-Thomas d’Aquin et la naissance des universités en France, et les apports civilisationnels, culturels et intellectuels de l’islam à la France de Charlemagne, à la Renaissance, à la philosophie des Lumières, au syndicalisme… Sans parler des corps mutilés, meurtris, violés de ces Indigènes enrôlés pour sauver la France en 1914-18 puis  de nouveau en  1939-45.

 Il n’est pas question ici de se raconter des histoires mais  de rappeler ce qui est volontairement oublié. Alors pourquoi cette haine ? Pourquoi cette peur de l’islam ? Pourquoi cet antisémitisme ? Pourquoi ce racisme ?

COORDINATION CONTRE L’ISLAMOPHOBIE ARGENTEUIL-BEZONS, 8 AOÛT 2013

 

latribuneargenteuil.fr

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