Soupçonnée de « radicalisme », Myriam se fait enlever ses deux enfants

Myriam Naar a été visée par une perquisition administrative dans le cadre de l’état d’urgence. Suspectée de « radicalisme », ses enfants lui ont été enlevés par des agents de police.

Âgée de 25 ans, la jeune femme avait décidé de s’installer au Maroc où elle avait trouvé un travail dans un « Call Center ». De retour en France dans le but de déménager définitivement, elle a été de suite perquisitionnée par les services de police.

« Ils sont arrivés, à 20 h 30, à la maison le 7 janvier. Ils étaient encagoulés, armés, ils n’ont rien trouvé, et je n’ai même pas été convoquée au commissariat ensuite. Par rapport à tout ce que j’attendais de la vie, le Coran m’a apporté des réponses », déclare Myriam à MidiLibre.

La femme a connu des difficultés familiales lors de sa jeunesse suite à des violences maternelles. Myriam est placée en foyer. Elle tombe enceinte à 16 ans, le père qu’elle a rencontré au foyer se suicide. En 2011, elle met au monde un deuxième enfant d’un père avec qui elle n’aura jamais de vie commune.

Après ce parcours difficile, Maryam se convertit à l’Islam en 2014 et trouve la paix. Elle éduque ses enfants et fait le choix de déménager au Maroc afin qu’elle puisse travailler. En décembre, elle rentre à Millau où elle a encore son appartement afin de préparer son retour définitif au Maghreb. Problème, elle est perquisitionnée et ses deux enfants sont placés dans des familles d’accueil.

« Le but de l’état d’urgence n’est pas de faire intervenir les services sociaux pour contester les choix de vie de Mme Naar, relève Me Azam. À partir d’une perquisition, on en arrive à polluer le contexte familial. Pour les enfants, c’est une catastrophe absolue : ils sont totalement traumatisés. Au bout de quinze jours, la première famille d’accueil n’en a plus voulu, il a fallu en changer. »

L’avocate de la victime s’interroge sur ces mesures visant le terrorisme qui finissent par dicter un certain modèle de vie à des parents musulmans jugés « trop visibles ou religieux ». Un recours pour excès de pouvoir et « atteinte à la vie familiale » a été préparé.

« L’air de rien, en m’enlevant mes enfants, c’est comme s’ils m’avaient assignée à résidence, insiste la jeune femme. Moi je veux partir au Maroc, j’y ai trouvé ma place, mais je ne veux pas partir sans eux. »

Selon la mère de famille qu’Islam&Info a pu interroger à plusieurs reprises, les enfants vivent extrêmement mal ce placement abusif. Vomissements, pleurs incessants et traumatisme, la situation des enfants demeurent extrêmement préoccupante.

Selon un magistrat du parquet interrogé par MidiLibre, « il y a une circulaire ministérielle très claire, qui demande de saisir le juge pour enfants dès lors qu’on est face à un parent susceptible d’être radicalisé ». Une information extrêmement inquiétante pour des milliers de familles perquisitionnées abusivement dans le cadre de l’état d’urgence.

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