Les termes ont leur importance. Et la langue française, à l’inverse de l’anglaise, est extrêmement précise. C’est pourquoi on ne peut que s’étonner aujourd’hui de voir combien elle a été appauvrie et galvaudée jusqu’à en arriver à des sens… interdits ou des contre-sens. Le présent article tente de mettre en évidence l’un d’entre eux.
Il y a quelques années, alors que la France se…”décomplexait” en criant haro sur le baudet qu’était l’Islam, François Baroin, alors ministre, annonçait avec un aplomb singulier, toute honte bue et… avalée, qu’”il n’y avait pas d’islamophobie en France”. Mais Baroin étant myope, il ne l’aurait peut être pas vue… sauf s’il ne veut pas voir… ce qui le rend… alors… aveugle ! Et y a-t-il plus aveugle que celui qui ne veut voir ou plus sourd que celui qui ne veut entendre ?
L’“Islamophobie” ? Qu’est-ce ? Analysons le terme à travers une discussion avec ma conscience :
– Bonjour “Conscience” !
– Bonjour “ Toi”
– Peut-on parler de l’islamophobie, aujourd’hui ?
– Bien sûr ! Que veux-tu savoir ?
– Son sens réel, car je sais que tu dissèques les mots.
– Fort bien ! Le dictionnaire, censé être le sanctuaire de la langue française, nous en donne la définition suivante : ”Hostilité envers l’islam, les musulmans.”. Mais en réalité, la définition est tronquée.
– Comment ça… tronquée ? Tu es bien prétentieuse pour oser contredire le dictionnaire.
– Pas du tout car le dictionnaire est un livre fait par des hommes, sujets plein d’erreurs. Il n’est pas… tombé du ciel… parce que parfois… il tombe sur la tête !
– Explique… explique !
– Eh bien… au regard de la violence qui est faite aux musulmans aujourd’hui, et que l’on fait semblant de ne pas voir, le terme ne me parait pas… à terme… si je puis dire !
– A terme ? Tu veux dire qu’il n’est pas achevé ?
– C’est bien ce que je dis. Il n’est pas achevé. Son sens est atténué compte-tenu des événements que l’on connait aujourd’hui et qui me paraissent graves pour un pays qui se prétend être un État de Droit et qui devient en réalité un État… de droite sinon d’extrême droite !
– Je veux tout savoir ! Dis-moi !
– “Islamophobie” est un terme formé par deux mots “islam”, bien sûr, sur lequel nous ne reviendrons pas et “phobie” tiré du grec ancien “phobos” qui veut dire “frayeur, crainte”.
– Et donc ?
– Eh bien… cela signifie que… l’on a peur de l’islam… qu’il effraie ! Ce qui, en réalité, le charge de toutes les turpitudes et le rend comptable de toutes les malveillances et crimes commis sur la terre entière. Il est donc responsable de cette peur. Mais le terme ne nous renseigne aucunement sur ce qu’il se passe réellement en France.
– Que veux-tu dire ?
– Je veux dire que l’islamophobie nous donne l’opinion superficielle de ceux qui ont peur de l’Islam. Mais la peur n’engendre pas nécessairement la haine. Elle suppose un état de suspicion qui met sur la défensive dans une sorte d’attente… préventive. On est donc sur ses gardes. Et c’est tout !
– Or ?
– Or, en France… mais pas seulement… on a jugé l’islam comme provoquant une peur… c’est bien de l’islamophobie, nous sommes d’accord ! Toutefois, aujourd’hui on va plus loin parce qu’on a jugé, l’islam et on l’a condamné. Donc, on le combat… par tous les moyens possibles en lui faisant endosser tous les crimes.
– Ce n’est donc plus de l’islamophobie ?
– Non… nous sommes passés à une étape supérieure. A une étape violente qui est suscitée par un autre état qui est plus fort : la haine !
– Tu veux dire que l’on crée la “haine de l’islam” ?
– Oui ! Nous sommes donc passés de l’”islamophobie” à un autre terme que je fabriquerai pour la circonstance. Cela s’appelle… un néologisme.
– Lequel ?
– La “misislamie” formée du grec ancien μῖσος / mîsos « haine » et que je définirai comme un “état de haine envers l’islam”. Cela nous renseigne mieux sur ce que vivent les musulmans de nos jours.
– Merci “Conscience”
François De Hauteville
