Selon la sénatrice Nathalie Goulet, 5.000 personnes sont fichées par les services de renseignement

La sénatrice Nathalie Goulet, présidente de la Commission d’enquête sur les réseaux djihadistes, était interrogée par le journal Le Figaro suite à la fusillade dans le Thalys. L’occasion pour elle de revenir sur les moyens de surveillance des services de l’anti-terrorisme.

Depuis l’affaire Merah, les français connaissent le système de fiche S – pour sûreté de l’Etat – qui recense les personnes « susceptibles de se livrer à des actions violentes ». Interrogée par Le Figaro, la sénatrice UDI a révélé que 5 000 personnes avaient une fiche S en France. 

Suite aux derniers ratés des services de renseignements français et à la multiplication des tentatives d’attentats sur le sol français, les spécialistes et journalistes se questionnent sur l’intérêt d’un tel fichage s’il ne permet pas d’éviter les actes terroristes. Pour la sénatrice Nathalie Goulet, il faut « la rendre plus performante et véritablement utile ».

« Dès lors, soit on arrête de parler de cette fiche, soit on la rend enfin efficace. Car un sentiment de lassitude se crée aujourd’hui autour de la fiche S. Il faut la rendre performante et véritablement utile. »  

Cependant, Nathalie Goulet se plaint de faire face aux mesures de la CNIL qui protègent la vie privée des citoyens. Tous les deux ans, la fiche S est vidée de son contenu ce qui dérange la sénatrice qui voudrait qu’à l’instar des délinquants sexuels, les informations concernant les personnes surveillées soient enregistrées à vie et que les personnes surveillées soient obligées de se déclarer (pointer ?) au commissariat ou à la gendarmerie. 

La sénatrice UDI souhaite aussi voir la mise en place d’un fichier ressemblant au PNR – le «Personal Name record» – dont sont dotés plusieurs pays anglo-saxons notamment les Etats-Unis, le Canada et la Grande Bretagne. Grâce à ce document que chaque passager d’avion se doit de remplir avant de mettre les pieds aux USA, les services de renseignement connaissent toutes les informations nécessaires jusqu’aux détails liés à la consommation (halal ou casher). Ces pays peuvent ainsi se fournir mutuellement toutes les informations dont ils ont besoin lorsqu’une personne surveillée / fichée se déplace ou déménage.

« La CNIL, et même au plan européen, le G29, s’opposent à cette pratique pour des raisons de protection des libertés. […] Pour obtenir un renseignement, à l’heure actuelle, il faut se tourner vers les États-Unis. En matière de renseignement le niveau européen est donc faible », ajoute la sénatrice.

Une fiche S comporte 16 niveaux d’importance, le plus bas étant le plus élevé. Lors d’un banal contrôle routier, un policier peut savoir si l’automobiliste est fiché. Si la fiche S ne veut pas obligatoirement dire « surveillance H24 », elle permet de vérifier les déplacements de la personne. 

« La fiche S est un outil de contrôle des renseignements à disposition des services de police et de gendarmerie, qui sert surtout à contrôler les déplacements » résume Louis Caprioli ( ex sous-directeur chargé de la lutte contre le terrorisme à la Direction de la surveillance du territoire).

Malgré les nombreuses mesures prises par les députés, « en douze ans, quatorze lois sur le renseignement ont été votées », rappelle Nathalie Goulet, la surveillance des éléments jugés dangereux reste difficile. Comme après chaque attentat, le débat sur les limites entre sécurité et libertés individuelles revient sans qu’aucune solution concrète ne soit apportée.

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