Une juge exige qu’elle enlève son hijab au sein du tribunal et reporte le jugement

Au Québec, la laïcité à la française engendre les mêmes dérives qu’en France. Une juge a exigé à une femme musulmane qu’elle enlève son hijab sous peine de ne pas entendre sa cause.

Une juge québecoise a décidé de reporter l’audience de Rania El-Alloul car cette dernière portait un voile islamique. Un habit qui d’après la juge n’avait pas sa place dans une salle d’audience car « lieu laïc ». Une interprétation de la loi qui n’a aucun fondement juridique. Un audio de la conversation entre la juge et la femme musulmane décrit la situation.

«Les mêmes règles doivent s’appliquer à tout le monde. Je ne vais donc pas vous entendre si vous portez un foulard sur la tête, tout comme je n’aurais pas permis à une personne de comparaître devant moi en portant un chapeau ou des lunettes soleil sur sa tête, ou tout autre vêtement qui ne convient pas à une procédure judiciaire.»

Mme El-Alloul répond qu’elle porte le hijab depuis longtemps et qu’elle ne peut pas le retirer. Ce à quoi la juge lui répond « que ce sont les règles de la Cour du Québec ».

«Comment puis-je me défendre alors? demande Mme El-Alloul. «Vous pouvez me demander un ajournement et vous pouvez consulter un avocat», répond la juge.

«Je suis sur l’aide sociale, je suis séparée, je vis avec trois garçons […] Je ne peux pas payer un avocat. Je ne peux pas payer quelque amende que ce soit pour mon fils», tente alors d’expliquer la femme. 

Restée de marbre, la juge décidément décidée à faire appliquer sa loi dans la cour déclare que la « question n’est pas là » et reporte la cause à une date ultérieure.

La juge s’est appuyée sur l’article 13 des règlements de la Cour du Québec en y faisant sa propre interprétation. « Toute personne qui comparaît devant le tribunal doit être convenablement vêtue », cependant aucune précision n’est apportée en ce qui est convenable ou non de porter. Un abus de pouvoir évidemment de la part d’une islamophobe qui se sert du principe de laïcité pour exclure une femme qui visiblement est dans une situation extrêmement difficile.

Les journaliste de CBC ont interrogé Mme El-Alloul après ce nouveau coup dur contre le « vivre ensemble ».

« Lorsque j’ai juré devant Dieu d’être une bonne citoyenne canadienne, je portais mon hijab et j’ai serré la main du juge le jour même où je suis devenue Canadienne.

J’étais très, très heureuse. Mais ce qui s’est produit en cour me fait ressentir de la peur. Je sens que je ne suis plus une Canadienne. »

Depuis plusieurs années, la laïcité sert de fer de lance au combat contre le culte musulman. Lois et mesures d’exception contre une minorité, abus de pouvoir et stigmatisation sont devenus le quotidien de la Communauté musulmane.

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