La déconstruction musulmane en France – Réflexions du Dr Zouhair Lahna

Les musulmans en France originaires du Maghreb et de l’Afrique de l’ouest devraient étudier de plus près l’histoire de l’Algérie et ses rapports avec la France. Du prétexte de l’éventail en 1827, jusqu’à son invasion en 1830, la résistance héroïque de l’émir Abdelkader et sa capitulation avec panache. Ensuite ce fut l’annexion, le massacre de Sétif un 8 mai 1945 (célébré récemment par le mouvement des indigènes de la république) le début de la guerre de libération en 1954 jusqu’à l’indépendance en 1962 et le départ d’un million de français vers l’hexagone. C’est ce qu’on appellera pour des raisons qui m’échappent ‘’les pieds noirs’’ et qui gardent, pour la plupart d’entre eux avec leur descendance un fort ressentiment vis-à-vis des maghrébins en général et des algériens en particuliers.

Un personnage historique est important à étudier, c’est Ferhat Abbas, cet homme a cru à la république et souhaitait dealer avec ses responsables afin de faire avancer le statut des indigènes. Et comme toutes ses tentatives ont demeuré infructueuses face à une élite de colons hautains et méprisants, il a changé d’avis et pris position pour l’indépendance de l’Algérie.

Eric Zemmour, un pied noir et oiseau de mauvaise augure avec son ‘’suicide français’’ a émis l’idée du transfert des musulmans, sans craindre ni le ridicule ni un procès (de qui d’ailleurs). Il n’est pas parti bien loin pour puiser ses idées, la doctrine est utilisée avec un certain succès depuis 1948 en Palestine occupée. Il aurait dit en plus que dans les années 40 (massacre de Sétif en 1945) aucun français vivant en Algérie ne pensait devoir quitter de force le pays qui l’a vu naître et dont sa famille se trouvait depuis des générations.

Ceci devrait faire réfléchir tous les basanés et également les musulmans africains subsahariens que même s’ils sont nés en France et qu’ils commencent à croire que c’est leur pays, rien ne leur garantit une protection dans le pays qu’ils ont cru qui est le leur. Victimes consentants ou non de leurs humiliations, du délit de faciès et de la suspicion grandissante adossée au péril islamiste. Justement, le péril dit islamiste est vendeur de journaux et d’audimat et même porteur d’acteurs politiques de tous les bords.

A la lumière des événements qui se passent actuellement en France et par conséquence dans toute l’Europe, le musulman devrait se poser la principale question : Quel est l’endroit où Allah voudrait que je sois ? Et si je dois immigrer, quelles sont les conditions de l’immigration ? Est-ce que venir travailler chez Peugeot ou dans les mines est une condition d’immigration ? Et il n’est pas question ici de blâmer qui que ce soit ni de porter de jugements. Les premiers migrants n’ont pas eu les bons arguments entre des terres arides, des gouvernements ‘’indépendants’’ mais économiquement et culturellement très dépendants de maman la France, et des oulémas ignorants ou sans portée d’écoute et d’obéissance. Que pouvaient bien les premiers migrants souvent analphabètes, choisis souvent dans les campagnes pour leur robustesse et leur ignorance des codes du travail et des codes de la vie citadine d’alors.

En cherchant bien, il a été établi que l’’immigration n’est autorisée en Islam vers un pays non musulman que pour appeler les gens vers le sentier d’Allah et dans une moindre mesure étudier et se soigner. Y prendre racine et risquer de perdre sa foi sinon celle de ses enfants est formellement prohibé. Mais les avantages sociaux des pays occidentaux et surtout la France, l’amenuisement de la Foi et l’absence de conseillers ont eu raison des règles d’or de l’immigration pour le musulman.

Moi-même, après mes études de spécialisation médicale que je suis venu faire à Paris, je suis resté pour m’améliorer et puis les années passent. A l’instar de pas mal de diplômés, je suis venu en France parce que les enseignants dans mon pays d’origine ne partagent pas leur savoir avec leurs étudiants, la marchandisation des soins étant dans leur ligne de mire, ils ne souhaitaient pas créer de leurs propres mains des ‘’concurrents’’. Résultat : diminution du niveau des soins en général et fuite de cerveaux. Bien évidement, cacher son savoir n’est ni musulman ni même humain. Pour revenir au pays, tout est fait afin d’alourdir les formalités avec un refus d’absorption dans un système public ‘’bancal’’ et des coûts d’installation exorbitants. Pour celui qui ne souhaite pas succomber dans l’usure c’est un effort surhumain qui l’attend, sans parler de la corruption qui sévit dans les pays dits musulmans et qui est devenu une normalité. J’ai fini par choisir la flexibilité et l’engagement pour mes semblables au prix d’une instabilité et d’un manque de ‘’confort’’, ce qui m’a permis de travailler dans plusieurs pays musulmans et africains et apprendre la marche de ce monde.

Pris entre le marteau et l’enclume, les musulmans d’occident qui le peuvent ont du mal à choisir entre un système réglé (jusqu’à présent, et tant que la planche à billets tourne) en occident mais qui livre une guerre féroce contre leur religion et un système bancal, corrompu et injuste, mais l’appel à la prière est encore levée et les mosquées ouvertes et remplies malgré tout. Bien que tous les pays sont sous le joug de la mondialisation marchande, il y a encore une résistance populaire et un attachement à la Foi que les manipulateurs du monde essayent d’ébranler avec les retombées du ‘’printemps arabe’’ et l’ogre inquisateur de Daech.

La réaction aux attentats des autorités françaises, occidentales et surtout de la population avec laquelle nous avons vécu tant d’années est alarmante. Les musulmans se doivent de se poser les bonnes questions avant qu’il ne soit trop tard. Un certain nombre d’entre eux pensent déjà à partir. Et ce sont les plus productifs, ceux qui payent les impôts et ne profitent pas des avantages sociaux mais les financent. Ceci créera une décroissance et aggravera la crise en France, il ne restera que les plus faibles et qui auront du mal à s’organiser face à l’attaque qu’ils devraient subir. Les vendeurs de guerre, les traitent déjà comme une cinquième colonne afin de transformer les banlieues des grandes villes comme des petits Gaza, où pour lutter contre le terrorisme tous les coups seront permis. Selon Lieutenant-colonel Galula, le théoricien français mis à l’honneur par le Général Petraeus (commandant en chef en Afghanistan puis en Iraq) des contre insurrections et qui a vécu la guerre d’Algérie, gouverner en temps de guerre est facile : un gouvernement, une armée et une population (qui a peur pour sa sécurité) fournissent les moyens.

Il est difficile de donner des recettes, et je ne suis pas qualifié pour cela, néanmoins après toutes ces années que j’ai vécues en France, un pays que j’ai aimé et j’aime encore malgré tout, tous les patients que j’ai soignés et opérés, les amis non musulmans que j’ai pu avoir et les enseignants qui m’ont appris ce que mes compatriotes d’origine ne m’auraient jamais offert. Je ne me sens plus chez moi en France, étranger j’ai été, étranger on me somme de devenir… et c’est avec tristesse que j’observe ceci. La France de la justice, des droits et aussi des devoirs est devenue inquisitrice, sommant avec violence et fermeté le peu de musulmans qui résistent encore avec leur Foi d’obtempérer. La religion de la laïcité est pernicieuse parce qu’elle avance drapée des plus beaux symboles. Face à cela, bien que je sois très engagé et actif, j’ai cherché à construire avec des musulmans, mais ces derniers ne souhaitent pas construire, leur élite est prise dans son petit ‘’confort’’ et individualisme et la masse erre entre les services sociaux et une recherche d’identité.

La stratégie du chaos est en œuvre, ses instigateurs croient qu’il faut détruire pour reconstruire, comme l’Europe s’est autodétruite après la première guerre mondiale et ensuite la deuxième pour se reconstruire avec de l’économique et surtout sans religion que celle du nihilisme et la consommation.
En deux ou trois générations de présence en France et en occident en général, les musulmans n’ont rien construit et ne possèdent aucun lobbying auprès des dirigeants.
Un mois après les attentats et des attaques de toute part sur le bien fondé de la religion des musulmans, je n’aperçois même pas la lueur d’une organisation des élites pour se défendre et défendre les plus faibles d’entre eux. C’est que cette ‘’élite’’ n’existe pas, ce sont pour la plupart des diplômés mondialisés et individualistes qui pensent que leur statut social et leur salaire les protègent.

Je leur propose en toute fraternité de méditer ce qui a été répété par Saïd Taghmaouti dans le film ‘’la Haine’’ de Mathieu Kassovitz : C’est l’histoire d’un homme qui tombe du 40ème étage et à chaque étage, il disait ‘’jusqu’ici, tout va bien…’’
D’ailleurs Mathieu Kassovitz qui a été mis de côté, même s’il est juif, parce qu’il a osé émettre des doutes sur la version officielle du 11 septembre, a déclaré que les attentats de Charlie hebdo l’inspirait pour un ‘’La Haine 2’’.
A suivre, alors.

Dr Zouhair Lahna, Ancien Chef de Clinique des Universités, Paris VII. Médecin engagé , A travaillé dans la banlieue parisienne (93) et réalisé plusieurs missions humanitaires en Afrique, et au moyen orient notament en Palestine, libye et en Syrie.

Partagez :