Un professeur de Fac refuse de faire cours devant une étudiante voilée au nom de « Charlie »

Selon la page Facebook de Nabil Ennasri, on peut y apprendre qu’un professeur de droit à l’Université Paris Nord s’est permis une nouvelle stigmatisation contre une étudiante musulmane. L’enseignement a envoyé un courrier électronique à ses élèves ainsi qu’au doyen de la faculté et à ses collègues afin de faire savoir que dorénavant, il ne fera plus cours si une étudiante voilée y assiste.

La lettre de ce professeur ne laisse pas de place au doute quant à son islamophobie déclarée. Il est question dorénavant d’exiger l’interdiction du voile au sein de l’université sous couvert d’une laïcité exclusive qui fait le bonheur des néo-vichystes anti-musulmans.

Quelques semaines après la tuerie de Charlie Hebdo et la vague d’islamophobie qui a touché la France, de nombreux débats et mesures ont été mis en place pour lutter contre « le radicalisme » musulman. Cependant selon les internautes musulmans ainsi que de nombreuses personnalités publiques de la Communauté, ces mesures ne font qu’accentuer les travers que connait notre société à savoir augmenter les préjugés à l’encontre des musulmans et exclure une partie de la population en raison de son appartenance religieuse.

Il est extrêmement grave de lier un simple voile avec la tuerie de Charlie Hebdo. Ce raccourci ouvre la porte aux pires débordements. Il est nécessaire de se conformer à la loi française qui n’empêche pas la visibilité de signes religieux au sein des universités. Un tel comportement se doit d’être sanctionné puisque cet enseignant se sert de son poste de professeur pour mener des combats politiques et idéologiques. Cette jeune étudiante doit rapidement se manifester et user de ses droits pour empêcher de nouvelles dérives de ce genre.

« Monsieur le Doyen, Cher collègue, et Chers étudiants,

Je confirme en tous points les faits qui vous ont été rapportés par ces étudiants, j’assume le contenu de mes propos et je les revendique haut et fort.

Enfant d’Epinay sur Seine et de Sarcelles ou j’ai usé mes fonds de culotte et perdu chèrement mes billes à l’école primaire, je sais ce que sont la mixité sociale et le multiculturalisme.

Quand je suis entré à l’Université Paris Nord, elle n’était que l’université de Villetaneuse avec tous les a priori qui l’accompagnaient. J’ai porté haut les couleurs de ce parcours, aussi bien à l’école des Avocats ou nous étions bien peu qu’au Barreau de Paris depuis 27 ans.

Enseigner dans mon université depuis 1987 est ma fierté. Affirmer sans cesse que mon pays s’enrichit de la multiplicité des cultures d’origine de ses enfants, et décrire mon bonheur de voir ces étudiants aux couleurs de tous les drapeaux du monde, de toutes les religions, participer à mes cours, est le discours que je tiens aux racistes de tous poils depuis toujours.

Mais j’ai toujours aussi été un adversaire de l’affichage de l’appartenance communautaire, quel qu’il soit, dans la sphère publique de notre pays.

Alors j’ai bien vu fleurir le voile à l’université depuis une dizaine d’année et je redoutais le moment où j’aurais à affronter le visage d’une étudiante qui me l’imposerait. Le hasard a voulu que ce soit en cette première semaine de février, où les murs de l’université sont tapissés d’affiches JE SUIS CHARLIE.

Alors oui je ne supporte pas de voir le visage d’une étudiante voilée, comme je comprends la réaction de mon confrère Grégoire LAFARGE dérouté de découvrir une étudiante du centre de formation des avocats, et pourquoi pas un jour une avocate, porter le voile islamique, sous couvert de démocratie et de tolérance ?

Oui je ressens comme une agression cet affichage communautaire qui revendique son appartenance à un univers où la femme est traitée comme un être inférieur, oui je refuse d’abandonner ce qui a été mon combat de toujours contre les religions, berceaux de toutes les intolérances.

Mais je ne vais pas aller plus loin, et je vous prie de pardonner cette longue introduction pour moi nécessaire.

L’étudiante qui portait le voile lors de mon cours ne s’est pas identifiée ni manifestée pour me répondre. En revanche deux des trois ou quatre étudiants qui ont pris la parole pour réagir et me reprocher le caractère agressif et inadmissible de mes propos, ont répondu à ma question pour préciser qu’ils n’étaient pas CHARLIE. (Ce qui pose quelques sérieuses questions). Les autres étudiants sont restés silencieux.

Après avoir longuement hésité j’ai finalement décidé de donner mon cours.

L’un des étudiants est discrètement venu me soutenir à la fin du cours, en m’indiquant que je risquais de ne plus y voir grand monde après cet incident.

En conclusion, je regrette d’avoir hésité, et je vais aller au bout de mes idées.

Quelle que soit la règle, je ne ferais plus cours devant une étudiante voilée. Je lui demanderai poliment de l’ôter, et si elle refuse, je ne ferais pas cours.

Je vous laisse le soin d’en tirer toutes conséquences, et peut-être que je devrais me résoudre à ne plus donner de cours dans cette université ou ailleurs.

Si sa liberté à elle est de porter le voile en tout lieu, la mienne est de refuser, dans mon pays au regard de notre histoire et de notre culture, de donner un cours face à un visage voilé.

Respectueusement, amicalement et désespérément CHARLIE. »

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