« Chasse aux arabes » et aux musulmans dans les services de renseignement français ?

Un article publié sur le site du Point intitulé “Cazeneuve veut recenser les cas de radicalisation dans la police” écrit par Aziz Zemouri lance un pavé dans la marre au sujet des méthodes d’enquête sur la “radicalisation” dans les rangs de la police. 

Le ministère de l’Intérieur semble s’intéresser de près à ses forces de police et de renseignement. Une note du cabinet de  Bernard Cazeneuve a été envoyée le  23 juillet aux services de renseignements intérieurs. La DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure), le Service central du renseignement territorial et  la direction du renseignement de la Préfecture de police  ont l’obligation d’apporter toutes les données nécessaires à l’unité de coordination en charge de la lutte antiterroriste. 

Pourtant, les critères conduisant à suspecter une “radicalisation” ne sont pas réellement connus. Un ouvrage intitulé “lutte contre le terrorisme issu de l’islamisme radical” utilisé par l’ex-DST, désormais DGSI, cite par exemple la présence de versets du Coran sur les murs dans le logement du suspect…

 Le ministère de l’Intérieur explique agir dans un souci de prévention. Or, entre prévention et  discrimination le fossé parait mince place Beauvau. 

 “Ce n’est pas choquant en soi de réaliser cet audit. Le ministère agit dans un cadre préventif”, affirme le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (ex-Snop).

Signalons toutefois que la note concerne les services de police alors que les deux cas dits de radicalisation découverts se sont opérés au sein de la gendarmerie. 

De même, l’habilitation, soit la disposition à travailler parmi un service de renseignement, peut se voir retirée pour des motifs qui se rapprocheraient davantage de la discrimination plutôt que de la “prévention”. En effet, un brigadier d’origine nord africaine s’est vu renvoyé malgré ses 10 ans de service  parmi les renseignements couronnés de notes excellentes pour une contravention au code de la route, il a roulé dans un couloir de bus avec son véhicule de fonction… Il avait également été un membre actif et central du démantèlement en 2012 de la plus importante cellule terroriste connue de ces 15 dernières années, le réseau Torcy-Cannes. Cette version est contestée par un avocat du barreau de Paris tant elle suscite l’incrédulité. 

Un autre brigadier, officier de liaison en Arabie Saoudite et de confession musulmane, a également été remercié  de la  DGSI pour avoir effectué une omra. 

De même, un membre de la DCRI a subi de plein fouet l’islamophobie de ses collègues qui l’a conduit à la dépression. Ses collègues jetaient, entre autre “blague”, du porc dans son assiette. En dépit de ce harcèlement, c’est lui qui a été dés-habilité et inséré dans un service de sécurité publique alors que ses collègues sont eux toujours en poste…  

Sous couvert de lutte contre le terrorisme et de prévention, le ministère de l’Intérieur glisserait vers des cas de discrimination. Un syndicaliste de police ose même parler de “chasse aux arabes” suite à la note  du cabinet du ministère de l’Intérieur. 

Quant au syndicat des gardiens de la paix, Unité-Police, le ton est plus nuancé :

“Il faut évidemment être vigilant, mais on ne doit pas créer de psychoses ou faire planer une méfiance infondée sur certains de nos collègues. Tous luttent contre le terrorisme.”

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