« Le droit de la fermer » – Daniel Youssof Leclercq

Revenons un peu sur ces écoutes téléphoniques qui ont littéralement affolé les politiques en ayant le mérite d’attirer l’attention voire de révéler publiquement leurs frasques à leurs administrés. S’ils n’ont rien de répréhensible à cacher et s’ils affectionnent véritablement la probité comme ils le prétendent, pourquoi s’offusquent-ils donc à ce point qu’on puisse les écouter et les confondre ? Pourquoi cette paranoïa et cette panique s’ils n’ont vraiment rien à se reprocher ? En se réfugiant derrière leurs secrets professionnels et de polichinelle, nos politicards n’ont fait que démontrer leur solidarité et leur complicité avec les « innocents les mains pleines » de leur acabit. En réalité, et ce n’est pas étonnant dans le milieu, il n’y a guère d’amateur de transparence, en particulier quand il s’agit d’agissements douteux ou de discussion avec les avocats sur les meilleures stratégies pour échapper à la justice.

Compte tenu de mon activisme islamique assumé depuis quarante ans – et pas seulement présumé – je ne dois sans doute pas être le dernier à être écouté par les services spéciaux, dans la plus complète illégalité évidemment. Comme apparemment je n’ai jamais été pris en infraction aux lois de la république, je n’ai donc jamais eu l’occasion de m’en plaindre, et je ne vois donc pas non plus d’inconvénient à ce qu’ils continuent de le faire, si ça les amuse et s’ils n’ont rien de mieux à faire. Je précise que, comme je suis bien élevé, à chaque fois que ça me vient à l’esprit lors de mes coups de fil, je prends gentiment et si peu ironiquement la peine de « leur dire bonjour en passant ». Ils doivent m’en être gré les petits chéris puisqu’ils ne m’ont jamais ni incriminé, ni inculpé, ni incarcéré…

Je dédie ce billet doux aux « démocrates » et autres chantres de la liberté d’expression à géométrie variable qui passent la moitié de leur temps à rappeler qu’on est en république – sous-entendu qu’on est en droit de s’exprimer comme on veut – et l’autre moitié à chercher à faire taire tous ceux qui ne pensent pas, ne disent pas ou ne font pas comme eux. Faute de pouvoir triompher à la loyale de leurs rivaux et quand ils ne les qualifient pas de racistes, de fascistes voire d’antisémites ou carrément de nazis, tous les moyens leur sont bons pour les discréditer, les compromettre et les museler, y compris débiter les sornettes les plus invraisemblables sur leurs déclarations, leurs propos et leurs gimmicks.

Maintenant qu’il n’est plus en poste, on peut se risquer courageusement à dire que l’ex-Ministre de l’Intérieur était un « pince-sans-rire » qui imposait son propre sens de l’humour « Blanco » sans le nuancer et prenait ses désirs pour des réalités. Au lieu de déclarer péremptoirement que certaines facéties « ne font rire personne », il aurait  été mieux inspiré de dire qu’elles ne font pas rire tout le monde, et particulièrement les émigrés espagnols inféodés à certains lobbies dont la moindre évocation irrévérencieuse rend passible des tribunaux. Compte tenu de sa récente promotion ministérielle de circonstance, les polémistes et autres fournisseurs de « cannelle » vont malheureusement être de plus en plus nombreux s’exposer aux représailles de l’ancien premier flic de France qui n’avait déjà aucun scrupule à abuser de son autorité pour régler ses problèmes personnels et ceux de sa camarilla.

Qui qu’on soit, même quand on est ministre, il est tout à son honneur de reconnaître les qualités de ses adversaires car seuls les médiocres et les gens de mauvaise foi trouvent là matière à perdre la face. Il est excessif, au seul motif que ce sont des opposants politiques ou idéologiques, de n’attribuer que des défauts et des tares aux le Pen, à Alain Soral ou à Dieudonné et à bien d’autres dont les talents sont plus qu’évidents. Personnellement, même si je n’apprécie guère Dieudonné quand il blasphème sur Dieu, le Coran ou les Prophètes – tout comme ces bouffons de culture musulmane qui estiment en avoir intrinsèquement le droit – je n’ai aucune gêne à admettre qu’il me fait bidonner quand il égratigne habilement les comportements caricaturaux de nos congénères y compris Musulmans.

En conclusion, comme notre tolérance à tous a des limites, celles que nous pouvons supporter, il appartient à chacun de faire des efforts pour éviter de choquer et de provoquer autrui dans ce qui lui est insupportable. En résumé, pourquoi ne pas se concéder réciproquement ce droit inaliénable qu’est celui de la fermer ? Et comme ça il n’y aura même plus rien à écouter…

Daniel-Youssof Leclercq
integritydyl.wordpress.com

*** L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction ***

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